Les Appalaches
N’excédant pas 2 000 m d’altitude, les Appalaches s’étendent de la plaine du Mississippi à la péninsule gaspésienne. Au Québec, la rigueur du climat a permis le développement d’un étage alpin sur des sommets de moyenne altitude tels les Chic-Chocs culminant à 1 268 m. On y trouve surtout des plantes dites arctiques-alpines en raison de leur origine boréale ou montagnarde.
Les Rocheuses
Culminant à environ 4 400 m d’altitude, les Rocheuses abritent une flore fortement influencée par l’altitude mais aussi par la latitude. Présentes au-dessus de 3 300 m dans le Colorado, les plantes alpines apparaissent dès 1 200 m dans le Yukon où le climat est plus froid. Lieu d’échanges floristiques avec les régions arctiques lors des glaciations, les Rocheuses constituent une route migratoire importante où le taux d’espèces endémiques est faible. Les dryades, léwisias et townsendias figurent parmi les plus beaux représentants de la flore de ces montagnes. Ils côtoient ici quelques espèces de la cordillère des Andes telles l’Acaena magellanica.
L’Arctique
Recouvrant l’extrême nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique du Nord, la toundra arctique occupe un vaste territoire continental et insulaire. Sous l’influence de la rigueur du climat, la flore circumboréale croît au niveau de la mer ou à faible altitude, dans des conditions identiques à celles de la haute montagne dans les régions tempérées. Fuyant le froid venu du pôle lors des glaciations, certaines plantes arctiques ont migré vers le sud, trouvant refuge dans les massifs montagneux. Ainsi le pigamon alpin, répandu en zone boréale, se retrouve aussi dans les Alpes au-dessus de 2 000 m.
Les Alpes
Comportant les plus hauts sommets de l’Europe dont le mont Blanc à 4 810 m, les Alpes s’étendent sur plus de 1 000 km de la Méditerranée au Danube en Autriche. Berceau des premières études de la flore des montagnes au milieu du XVIe siècle, elles sont au coeur de l’essor que prendra la botanique alpine deux siècles plus tard.
Si les Alpes sont le royaume des gentianes, des oeillets et des panicauts, l’edelweiss est leur roi. Au centre de sa couronne étoilée de feuilles blanches et laineuses siègent les minuscules fleurs… bien modestes pour une si grande légende!
Les Pyrénées
Barrière montagneuse séparant la France de l’Espagne, les Pyrénées abritent une grande diversité d’espèces alpines dont la joubarbe des toits, l’horminelle et la gentiane acaule. Petites, charnues, duveteuses, cireuses ou piquantes, leurs feuilles serrées les unes contre les autres en rosette ou en coussinet, les plantes alpines disposent d’un arsenal d’adaptations pour lutter contre le froid et la déshydratation. Vivant au ras du sol pour éviter les assauts du vent, elles forment souvent des tapis denses retenant l’humidité.
Les Carpates et les Balkans
Comme les autres montagnes du monde, les Carpates et les Balkans offrent aux plantes alpines une saison de croissance n’excédant pas trois mois. Celles-ci ont su s’adapter pour accomplir leur cycle de reproduction : l’anémone des champs prépare ses boutons floraux dès l’automne et les garde enfouis au niveau des racines pendant l’hiver. Sous le manteau neigeux, la saxifrage paniculée, parmi beaucoup d’autres espèces, continue de s’activer : grâce à la photosynthèse, elle accumule d’importantes réserves de sucres solubles qui jouent le rôle d’antigel et stimulent une floraison printanière précoce, abondante et intensément colorée.
Le Caucase
De la mer Noire à la mer Caspienne, le Caucase resplendit au printemps de l’exubérance de la flore alpine au-dessus de 3 000 m. Dès les premiers beaux jours, les pelouses alpines se couvrent de fleurs multicolores, parfumées et mellifères qui font leur cour aux insectes dans une course effrénée à la reproduction. Papillons, abeilles, bourdons… tout ce qui vole et butine est le bienvenu. Le panicaut, aux capitules gorgés de nectar, a ainsi été baptisé « le cabaret des abeilles ». Quant à la fritillaire, elle ne vit que pour sa fleur et disparaît au cours de l’été dès que celle-ci est fanée.
L’Asie
Sous le « toit du monde » culminant à 8 848 m, l’Asie abrite la plus vaste région alpine du globe. Du Caucase au Japon, les montagnes asiatiques offrent une grande variété d’habitats. Affectionnant les sols calcaires ou siliceux, les versants ensoleillés ou ombragés, les plantes alpines de l’Asie se distinguent par leur incroyable diversité. Si la primevère denticulée et la campanule ponctuée préfèrent les pelouses alpines, le mukdénia s’établit sur les falaises humides. L’androsace sarmenteuse colonise quant à elle les éboulis grâce à des racines à la fois profondes et ramifiées en surface qui stabilisent le terrain.
Les plantes tapissantes
Les plantes tapissantes ou couvre-sol sont des végétaux vivaces qui forment une couverture suffisamment dense pour retenir le sol sur un talus ou prévenir la pousse rapide de mauvaises herbes. Utilisées à plusieurs fins, elles remplacent, par exemple, la pelouse sur les pentes abruptes, sur les sols pauvres ou dans les endroits trop ombragés. Elles servent à accentuer, à marier ou à unir les différentes composantes d’un jardin. Les couvre-sol sont donc choisis en fonction du site prévu et de l’effet recherché : type de sol, climat, ensoleillement, importance de la surface à couvrir, hauteur et densité de feuillage désirées et valeur ornementale. Les plantes herbacées telles que l’arabette et le thym sont indiquées pour les petits talus ensoleillés alors que l’herbe aux goutteux et le bugle conviennent à des terrains semblables mais situés à l’ombre.
Les plantes tapissantes sont généralement robustes et résistent aux maladies et aux parasites. La principale difficulté réside dans le choix approprié d’une plante en fonction d’un usage spécifique.
Les auges
L’origine de la culture en auges remonte au début du 20e siècle, en Angleterre. C’est en découvrant de vieilles auges de ferme destinées au bétail que des jardiniers eurent l’idée d’utiliser ces contenants en pierre pour y faire pousser des plantes.
Véritables petits jardins au cœur du jardin, les auges sont aujourd’hui très populaires. De formes et tailles variées, elles peuvent être fabriquées industriellement, de façon artisanale ou provenir de la récupération de pierres naturelles ou taillées. Les plantes alpines, de par leur croissance lente et le peu d’entretien qu’elles demandent, sont les candidates idéales pour la culture en auges.
Les jardins de crevasses
Les jardins de crevasses cherchent à recréer l’habitat naturel des falaises érodées où le drainage est excellent et les conditions de croissance sont très variées. Ils permettent de cultiver, sous un climat où les étés sont souvent très chauds, des plantes alpines mieux adaptées à l’air frais des montagnes. Bien que d’origine britannique, ce type de jardin a été popularisé par les explorateurs et botanistes tchèques en Europe d’abord et ensuite en Amérique du nord.
En avril 2002, le Jardin alpin s'est enrichi d'un premier jardin de crevasses, réalisé sous la direction de Josef Halda, botaniste réputé de la République Tchèque, avec la collaboration de la Société de plantes alpines et de rocaille du Québec (SPARQ). Ce jardin est situé à l’entrée du jardin alpin à droite devant les pins.
Le concepteur a recréé, à une petite échelle, des pics rocheux et des falaises érodées, permettant la culture à Montréal des espèces de haute altitude jusqu'alors absentes du Jardin alpin. Dans la conception de M. Halda les pierres disposées en strates inclinées forment des crevasses qui permettent aux racines de s’ancrer profondément et d’y trouver fraîcheur et humidité. Les crevasses fournissent aussi un drainage optimal. Ce jardin de crevasses de M. Halda construit au Jardin botanique de Montréal à cette époque est le premier jardin de ce genre à être aménagé dans les jardins publics au Québec. Il constitue donc un terrain d’essai où sont cultivés de nouvelles espèces et de nouveaux cultivars.
À l’automne 2004, le jardin accueille un deuxième spécialiste de la République Tchèque Zdenek Zvolanek, concepteur du jardin de crevasses verticales du Jardin botanique de Montréal. Le visiteur aperçoit cette deuxième variante du jardin de crevasses après avoir franchi la barrière de l’entrée. L’impression qu’a voulu donner le concepteur ici est celle de strates rocheuses ayant été déplacées en position verticale par des soulèvements de la croûte terrestre. Les fissures profondes assurent ainsi un drainage optimal du sol et offrent aux racines des plantes alpines une humidité et une température constantes. L’orientation est-ouest des pierres et les dépressions du terrain créent des zones d’ombre et procurent un maximum de fraîcheur aux végétaux.
Ce jardin de crevasses verticales est le premier du genre au Canada et l’un des plus grands au monde. Des plantes alpines d’Amérique, d’Europe et d’Asie y sont cultivées. Il abrite notamment des cultivars de saxifrages créés par feu H. Lincoln Foster, hybrideur américain de renom à qui par ailleurs ce jardin est dédié.