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Les balados Migrations d'oiseaux - Transcription - Épisode 1 - Le passage des oies

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Les balados Migrations d'oiseaux - Transcription - Épisode 1 - Le passage des oies
Balado Migrations d'oiseaux - Espace pour la vie

 Épisode 1 - Le passage des oies

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NARRATRICE – La nature ne se met pas sur pause. Espace pour la vie vous propose de reconnecter avec elle dans cette série de balados. Bonne écoute!

JEAN-PHILIPPE – Bonjour, je m’appelle Jean-Philippe. Je travaille aux Collections vivantes du Biodôme de Montréal. Dans ce balado d’Espace pour la vie, je vous parle d’un signe qui annonce le printemps; le passage des oies qui vont vers le Grand Nord. C’est mon premier balado sur la migration des oiseaux.

C’est une fois l’histoire d’un petit groupe de Bernaches du Canada qui arrive sur la rivière des Mille-îles et se posent à proximité d’un autre groupe qui est déjà là. Les Bernaches du premier groupe ont parcouru quelques centaines de kilomètres et ont besoin de refaire le plein. Les Bernaches du deuxième groupe sont de celles qui sont restées tout l’hiver dans la région. La première dit : « En tout cas, l’an prochain je reste ici, à voler comme ça, j’ai mal partout. » L’autre de répondre : « Bien moi je vais partir dans l’Sud, j’en peux plus du verglas dans le redoux de janvier! »

Face au changement de saison et à la grande variabilité dans la disponibilité des ressources, plusieurs animaux sont confrontés à un choix important pour leur survie. Partir ou rester!

La migration n’est pas exclusive aux oiseaux. Un grand nombre de poissons, de mammifères et même d’insectes procèdent à des migrations à des moments bien précis dans leur cycle de vie.

Le cas des bernaches est intéressant puisqu’en Amérique du Nord, on distingue deux grandes populations qui se chevauchent, l’une migratrice et l’autre sédentaire. Je m’amuse à imaginer qu’un groupe rencontre l’autre et qu’ils discutent de la meilleure stratégie à adopter pour survivre à l’hiver. Le retour sur les territoires de reproduction au printemps, c’est un peu comme le moment de faire le bilan, à savoir si nos choix ont été les bons.

Pour l’oiseau résident, le défi en est un d’économie et d’opportunité. L’hiver, il fait froid et les ressources sont limitées. Il faut donc réduire au maximum les dépenses énergétiques et profiter de chaque occasion pour s’alimenter, se réchauffer et se mettre à l’abri, car on ne veut pas être le repas d’un prédateur qui lui aussi a faim et cherche les opportunités....

Pour l’oiseau qui choisit de faire une migration, le défi est plutôt orienté vers une gestion quotidienne des risques. Étant toujours en mouvement, il est difficile de prévoir ce qui arrivera demain. L’individu compte alors sur ses réserves et sa capacité à tirer le meilleur de chaque situation.

Environ la moitié des espèces d’oiseaux régulièrement observées au Québec sont migratrices. Par exemple, toutes les espèces qui sont principalement insectivores comme les parulines, les moucherolles, les hirondelles. Aussi, la majorité des espèces qu’on retrouve dans les aires ouvertes comme les Goglus, les Sturnelles, les bruants et les carouges. Bien sûr, les espèces qui sont associées à un plan d’eau vont se déplacer aussitôt que la glace va couvrir la surface. On pense aux canards, aux hérons et il y a aussi toute la panoplie de petits bécasseaux et les oiseaux de rivage en général.

Présentement, on assiste au retour des Oies des neiges et des Bernaches du Canada. C’est assez facile de constater leur passage, on a juste à lever les yeux vers le ciel ou en direction de l’horizon. On y voit des centaines voir des milliers d’oiseaux qui défilent comme un grand ruban qui bouge dans le vent et qui va se poser dans un champ inondé. Ils vont y trouver un peu de nourriture, la sécurité du groupe et un lieu pour se reposer avant de repartir… bien plus au nord.

L’objectif ultime quand on est un oiseau migrateur comme l’Oie des neiges, c’est de profiter de l’abondance des ressources du Grand Nord. Les conditions sont intéressantes : imaginez, durant toute l’année ou presque, les plaines du Grand Nord sont couvertes de neige, il fait froid et la durée du jour est courte. Par contre, l’été nordique n’a pas son pareil. Pendant quelques semaines, le sol se découvre de son manteau blanc et la durée du jour s’allonge au point où il fait soleil pratiquement tout le temps. La végétation connaît un regain extraordinaire, l’émergence des insectes est spectaculaire et les ressources alimentaires sont abondantes pour tout le monde. C’est un peu comme si la nature s'empressait de profiter de l’été dans un concentré dense, court et hyper généreux. C’est exactement de ça qu’il est question, de cette abondance des ressources qui favorise la vie et qui invite les oiseaux à se déplacer sur des centaines voire des milliers de kilomètres pour aller en profiter.

Si on demandait à une oie ou une bernache si ça vaut la peine de faire une migration, il y a fort à parier que la réponse serait : « Évidemment… c’est pour ça qu’on le fait à chaque année! » Il reste que la migration correspond à une dépense énergétique extrêmement grande et le déplacement comporte des risques vraiment importants. La difficulté à trouver de la nourriture et à refaire le plein, la présence de prédateurs sur le trajet, le risque de collision avec des structures, les vents contraires, un phénomène météo soudain : plein de choses peuvent arriver.

Pour s’assurer de compléter ses déplacements, les oies comptent les unes sur les autres. Ils font des déplacements en groupe et comme nous-mêmes on le ferait dans un long déplacement de voiture, ils connaissent les bons restos! En fait, on fait appel ici à la connaissance collective du groupe. Il y a bien toute une organisation dans le déplacement en groupe où les individus qui sont à la tête se relaient pour se reposer et globalement être plus endurants. Ce qui m’intéresse le plus, c’est d’essayer de comprendre comment les décisions se prennent dans un groupe en mouvement. Il y a des jeunes qui sont à leur première migration et qui suivent les plus expérimentés. Ces individus-là connaissent les meilleurs endroits pour se poser, les valeurs sûres!

Pour les observateurs d’oiseaux, ce sont des haltes migratoires bien connues. Je pense à Baie-du-Febvre, Cap-Tourmente, Saint-Barthélemy. Arrive parfois où le groupe d’oies a besoin d’encore plus d’expérience pour prendre une décision. Imaginons lors d’un déplacement que notre groupe qui comptait sur un champ où il avait l’habitude d’aller se retrouve devant une couverture de neige inattendue. C’est à ce moment qu’un individu qui a fait le voyage de nombreuses fois prend la position de tête et guide le groupe vers un site alternatif qui agit comme une bouée de sauvetage pour le groupe.

On peut s’amuser à faire parler des oiseaux, mais dans les faits, on ne sait peu de choses sur la dynamique d’un groupe en déplacement. On est, par contre, en mesure d’observer quels sites les oies utilisent et calculer leur nombre d’une année à l’autre. Certaines oies sont marquées par des colliers numérotés ou des bagues aux pattes qui permettent aux chercheurs de suivre leurs déplacements.

En moyenne, une Oie des neiges fait un déplacement d’environ 4 000 km. Elles passent l’hiver sur la côte Atlantique des États-Unis et nichent en Arctique. On dit qu’elles pourraient faire jusqu’à 1 000 km dans un seul déplacement et atteindre une vitesse maximale de 95 km/h. Il reste que ce type de déplacement est exceptionnel.

C’est une grande satisfaction à chaque printemps de pouvoir observer le retour des oies. C’est un peu le point de bascule entre l’hiver qui finit et la promesse que l’été s’en vient. La migration de l’Oie des neiges à elle seule représente environ 800 000 oiseaux en déplacement, qui vont survoler le Québec pour aller profiter de l’abondance de la toundra en été.

Bien que les effectifs de la population de l’Oie des neiges soient assez élevés aujourd’hui, ça n’a pas toujours été comme ça. La création d’aires protégées en particulier des haltes migratoires a permis le rétablissement de plusieurs espèces d’oiseaux et l’Oie des neiges en a profité. Au Québec, c’est une espèce caractéristique, facile à reconnaître et qui a un statut particulier. En fait, elle fait partie d’un plan de gestion intégré et durable afin d’assurer le maintien de la population. En plus des organismes de conservation, plusieurs propriétaires privés qui ont des terres agricoles fréquentées par les Oies des neiges ont une contribution importante dans le maintien de la population des oies. Ici, je parle de laisser temporairement aux oiseaux migrateurs la possibilité d’utiliser une parcelle de terre agricole le temps d’un passage. En adoptant ce mode de protection, on participe à protéger le futur, non seulement d’une population d’oiseaux, mais aussi d’un phénomène extraordinaire : la migration printanière.

J’espère que vous avez apprécié ce balado! Pour explorer une foule d’autres sujets, je vous invite à visiter le site Web espacepoulavie.ca. Vous pourrez y trouver également les autres balados sur la migration des oiseaux. Je vous dis à bientôt et vous souhaite de belles observations.

NARRATRICE – Ce balado est une production d’Espace pour la vie. Retrouvez les contenus de cette série et plus encore sur notre site Web, section Grands curieux.

Fin

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