Résumé de l'épisode
Katherine Johnson, génie des maths, rêvait d’être astronaute. Femme noire née dans une période particulièrement raciste et sexiste de l’histoire des États-Unis, elle aidera cinq hommes blancs à marquer leur époque en tant qu’astronautes. Pendant que ses filles manifestaient dans l’espace public pour l’égalité, Katherine a intégré le système et l’a changé de l’intérieur. Amandine Gay, réalisatrice, autrice et productrice, se pose la question : faut-il être modéré(e) ou radical(e) pour changer une société?
Transcription de l'épisode 4 - Katherine Johnson
Texte de l'exposition
« Tout était si nouveau – l’idée même d’aller dans l’espace était nouvelle et audacieuse. Les manuels n’existaient pas, nous devions les écrire. »
Travailler à la NASA (ou sa prédécesseure la NACA), c’est une chose. C’en était une autre pour une femme noire au milieu des années 1950, alors que la ségrégation raciale occupait une place encore très importante aux État-Unis. Tout semblait être mis en place pour limiter l’accès à l’éducation, aux emplois, à la propriété, aux espaces publics, aux opportunités.
« Je n’ai pas de complexe d’infériorité. Je n’en ai jamais eu. Je suis aussi bonne que quiconque, mais pas meilleure. »
Même au sommet d’une carrière reluisante, Katherine Johnson a toujours affirmé qu’elle ne faisait que son travail, tout simplement. Malgré toutes ses qualifications et ses exploits, elle n'accomplit, selon elle, que ce pour quoi on l’a engagée. C’est vrai. Cependant son rôle transcende ses simples responsabilités au sein de la NASA, bien plus qu’aucune autre Américaine.
Au cours des années 1930, les ingénieurs de la NACA sont très occupés. On manque de personnel qualifié pour effectuer tous les calculs manuels que requièrent les programmes de développement aérospatial et aéronautique. Dès 1935, des femmes blanches, des mathématiciennes qu’on appellera des « calculatrices humaines », sont recrutées pour libérer les ingénieurs des fastidieux calculs. Elles sont considérées comme des sous-professionnelles et elles sont payées bien moins que leur collègues masculins. En 1943, en pleine guerre, la demande étant toujours plus grande, le Centre de recherche Langley commence à engager des femmes noires.
Pour la première fois, on accepte des femmes dans certaines réunions. Pour la première fois, une femme à la NASA est citée comme auteure ou co-auteure de publications scientifiques. Pour la première fois, une femme noire travaille sur les trajectoires d’engins spatiaux au sein d’un groupe d’hommes blancs.
C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais les calculs qui ont permis toutes sortes de premières spatiales ont été en grande majorité exécutés à la main. Difficile aussi de mesurer l’importance historique des premières scientifiques de Katherine Johnson, quand l’impact de ses accomplissements reste silencieux.