Chez la plupart des végétaux, les feuilles assimilent le gaz carbonique (CO2), et l'oxygène (O2) de l'air, et captent l'énergie solaire nécessaire à la photosynthèse, alors que les racines puisent, dans le sol, l'eau et les substances minérales en solution. Les produits azotés, le phosphore, le calcium et plusieurs autres substances minérales nécessaires à la plante entrent dans la composition des constituants essentiels ou jouent un rôle d'activateurs enzymatiques. Or, ces substances sont déficientes dans certains milieux, comme les marécages et les tourbières acides. Pour pallier à cette carence beaucoup de plantes s'associent, au niveau de leurs racines, avec des champignons pour former des mycorhizes.
Dans cette symbiose, les plantes fournissent des sucres et autres substances aux champignons en échange d'éléments que ces derniers peuvent tirer plus facilement du sol. Certaines plantes ont plutôt développé des adaptations leur permettant d'utiliser une autre source d'éléments nutritifs : les insectes qui se posent si souvent sur leur feuillage. C'est donc dans les milieux pauvres en éléments nutritifs, comme les tourbières acides au Québec, que l'on trouvera des plantes carnivores.
Mais ces plantes dites carnivores ne le sont pas strictement; leur mode d'alimentation insectivore ne sert qu'à compléter leur alimentation. D'ailleurs, il a été démontré en laboratoire que la plupart d'entre elles (peut-être toutes?) survivent même si on les prive de proie (Slack, 1979). Par contre, elles perdent de la vigueur et produisent souvent moins de graines; l'ampleur du déclin dépend de la quantité d'éléments disponibles au niveau de leur faible système radiculaire. Même si ces plantes peuvent survivre, il est cependant peu probable, qu'en subissant un tel régime, elles résistent longtemps à une forte compétition dans leur habitat naturel.
Référence : Slack, A. Carnivorous plants, Mass., MIT Press, 1979, 240 p.