Les gardiens du Nord
Au-delà des forêts, dans la toundra, au socle de roc, au tapis végétal très bas, vivent les Inuit du Nunavik, de la famille culturelle esquimaude-aléoute. En deçà de la ligne des arbres, dans la taïga, à la forêt ouverte d'épinettes noires, au sol spongieux recouvert de lichens et de mousses, vivent les Cris, les Innus et les Naskapis, les représentants les plus nordiques de la famille linguistique des Algonquiens.
Les Inuit du Nunavik vivent dans 15 villages répartis le long des côtes de la baie d’Ungava, du détroit d'Hudson et de la baie d’Hudson. Leur population compte un peu plus de 10 000 personnes dont 60 % sont âgées de moins de 30 ans. Les Inuit occupent le territoire du Nunavik depuis plus de 4 000 ans.
Un vaste territoire habité
Traditionnellement nomades, les Inuit connaissent mieux que quiconque ce vaste territoire situé au nord du 55e parallèle qui représente le tiers de la superficie du Québec. C'est au tournant des années 1950 que cette population répartie en petits groupes familiaux a été sédentarisée dans des villages.
Aujourd'hui, les communautés les plus populeuses sont Kuujjuaq, Puvirnituq, Salluit et Inukjuak. Dans ces villages, on trouve souvent le dispensaire, la coopérative, l'école, un petit aéroport et le conseil municipal. Les Inuit pratiquent la chasse au phoque et au caribou, la pêche au saumon et à l'omble, la cueillette de camarine et de bleuets.
Répartis à l'intérieur des terres et sur la côte, dans la taïga et la toundra forestière, les Cris, les Innus et les Naskapis chassent et trappent aussi le caribou, le castor et l'ours noir. Ils pêchent le brochet et les salmonidés, en plus de cueillir les petits fruits sous le couvert forestier.
Une végétation nordique bien utile
La végétation de la toundra ne se compose plus que d'arbres nains, d'arbustes, de baies et d'herbes. Ce sont les nunajait, ou « choses de la terre », qui ont toutes leur utilité. Les chatons de uqaujarlaq, un saule, sont mélangés à l'huile de phoque et consommés. Les feuilles de paurngaq, la camarine noire, sont employées en guise de thé. Suputik, la linaigrette, peut servir de mèche pour les lampes à l'huile en stéatite.
Sur le littoral enfin, dernier repos des arbres, échoue du bois flottant à la dérive, provenant on ne sait d'où. Il était jadis utilisé pour construire les traîneaux et les embarcations inuits, dont le kayak, à une ou deux places, et l'umiak, qui peut compter jusqu'à vingt places.