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Ép. 1 : Interpréter la nature

Français

Être éducateur concepteur scientifique au Biodôme c’est l’occasion de partager chaque jour sa passion de la nature et de semer avec conviction le désir de protéger notre planète.

Francis Cecil-Cardinal aime la nature et les gens, au Biodôme, il allie ses passions en accompagnant le grand public dans sa découverte des cinq écosystèmes des Amériques qui y sont présentés sous un même toit. Partager d’amusantes anecdotes sur les étoiles de mer, raconter comment on prend soin des loutres et repérer les animaux dans la Forêt tropicale humide pour les montrer aux visiteurs et visiteuses font partie de ses tâches quotidiennes.

Transcription

Francis Cardinal - La cerise sur le sundae, c'est d'arriver à parler d'action collective que des personnes pourraient faire.

  Musique

Francis Cardinal - Je m'appelle Francis Cardinal, je suis éducateur-concepteur scientifique au Biodôme de Montréal et je suis biologiste de formation. Les éducateurs, les éducatrices au Biodôme, on fait beaucoup de choses, mais vraiment, notre tâche au coeur de notre travail, c'est de rapprocher l'humain de la nature. Donc, c'est de créer de l'émerveillement. Monsieur et madame tout le monde qui débarquent au Biodôme ne connaissent pas nécessairement les différents écosystèmes des Amériques qui sont représentés ici. Notre rôle, c'est d'amener ces gens-là à découvrir des choses, de créer un « wow » - c'est ça qu'on utilise souvent comme expression. Ce qu'on croit, c'est que les gens qui vont avoir développé une certaine admiration ou une sensibilité pour la nature vont finir par l'apprécier, l'aimer et une fois qu'ils vont l'aimer, ils vont y faire attention.

Francis Cardinal - (À la radio) Éducation pour la sécurité du Biodôme. 

Radio - J'écoute. 

Francis Cardinal - Oui, bonjour, est-ce qu'on a des absents dans l'équipe de l'éducation, ce matin? 

Radio-émetteur - (En écho) Oui, tu en as deux.

Francis Cardinal - Deux animatrices absentes. Donc, il va falloir revoir les horaires. Une des premières choses qu'on fait le matin, c'est qu'on a un beau grand tableau blanc ici, et c'est là qu'on va inscrire tous les messages qui sont pertinents. Donc aujourd'hui, c'est écrit « s'il vous plaît, appelez-moi sur la radio à votre arrivée, Johanne ». Les gens qui vont arriver ce matin, les éducatrices, les éducateurs, vont faire un petit coucou à Johanne sur les ondes, sur la fréquence 3 de nos émetteurs. L'été, on a beaucoup de personnes parce que les gens sont en vacances, les fins de semaine, on a beaucoup de gens. Aujourd'hui, on s'attend à beaucoup de gens parce qu'il y a des grèves dans les CPE à Montréal qui ont été annoncées, et quand c'est le cas, d'habitude, il y a beaucoup de familles, surtout en matinée. 

  Musique

Francis Cardinal - Je suis éducateur, mais je suis éducateur-concepteur. Ça veut dire que je travaille sur l'élaboration de nos programmes éducatifs dans un bureau. Je suis amené des fois à aller sur les sentiers pour faire de l'interprétation, pour faire de l'animation. Si on a des absents, des absentes, ça se peut que j'aie un peu moins de temps dans mon bureau et que je doive aller donner un coup de main sur le terrain, par exemple. Ce qu'on veut, c'est assurer un certain service, une offre éducative qu'on appelle. 

  Musique

Francis Cardinal - Cylia, arrives-tu de plonger? 

Cylia - Oui.

Francis Cardinal - J'ai su lundi que t'étais, que tu plongeais au Biodôme, et je ne t'avais jamais vu plonger, mais là je te vois habillée avec le le dry suit. L'eau est bonne? 

Cylia - Oui. (rires)

  Musique

Francis Cardinal - Des fois quand j'arrive ici, j'essaie de trouver des choses avant que les visiteurs arrivent, de me préparer un espèce de plan. Qu'est-ce que j'ai vu comme animal? Sur quoi je pourrais les questionner? Comme là, on voit super bien, il y a une étoile de mer juste devant nous. Il y a quelque chose de fascinant avec l'étoile de mer, c'est qu'elle va sortir une partie de son estomac pour digérer son repas. Est-ce que vous voyez les petites crevettes un peu partout? Ça, c'est la nourriture de nos anémones. L'anémone, elle fait ses besoins par la même place qu'elle mange. Là, ce sont toutes les petites pattes de l'étoile de mer et dans le milieu, c'est sa bouche. Est-ce que tu veux que je te montre quelque chose que tu pourrais prendre en photo, qui est super joli, à peu près de la même couleur que ton appareil photo? Viens-t-en. Ça, ça s'appelle une anémone. Je ne sais pas si tu as vu le film Némo? Némo, c'est un petit poisson et il se cache, sa maison, c'est une anémone. Wow! Elle est super ta photo. Champion!

  Musique

Francis Cardinal - Là, je me promène et j'aborde des visiteurs sur des sujets un peu à la carte, à mon goût finalement. Et des fois aussi, ce que je vais faire, c'est que je vais écouter un peu de quoi les gens parlent pour essayer de trouver le sujet qui pourrait les intéresser. J'essaie de me mettre dans leur tête. Qu'est-ce que cette personne-là est en train de se poser comme question? Et c'est vraiment là qui est toute, je trouve, la subtilité ou le talent ou la partie excitante de l'éducation. C'est de lire le visiteur, de lire nos visiteurs pour essayer de voir où; ils sont rendus dans leur cheminement par rapport à des problématiques environnementales par exemple, à leur connaissance de l'environnement.

  Musique

Francis Cardinal - Ce qui me donne vraiment envie de venir travailler le matin, c'est de vivre des moments où; tu réussis à créer de l'émotion chez la personne. Quand des fois c'est un parent avec un enfant, on vise pas nécessairement à émerveiller le parent, on va s'adresser à l'enfant. Et là quand tu as réussi à susciter de l'intérêt auprès de l'enfant, à lui faire dire « oh wow! »  ou avoir  des réactions, tu sais aussi que tu as satisfait le parent qui est venu pour cette personne. Donc ça, c'est vraiment notre gagne-pain, si on veut. 

Francis Cardinal - (À la radio) Éducation, pour un TSA responsable de la forêt tropicale. 

Radio - Oui, à l'écoute. 

Francis Cardinal - (À la radio) Oui, bonjour, on a un enfant qui a échappé un toutou dans l'habitat des capybaras. L'enfant aimerait peut-être récupérer le toutou. 

Radio - En direction, on va aller chercher ça et le nettoyer avant de te le remettre. 

Francis Cardinal - (À la radio) 10-4, merci, c'est bien reçu. 

Radio - En direction. 

Francis Cardinal - C'est important que, si un objet tombe dans l'habitat d'un animal, l'objet soit nettoyé. Pourquoi? Parce qu'il y a quand même des risques de transmission de certaines maladies. On pense entre autres à la salmonelle, par exemple, à des bactéries qui pourraient être dans les excréments de certains animaux et on ne veut pas que, un enfant par exemple, qui souvent est très affectueux avec son toutou, se contamine. C'est des bactéries qu'on retrouve dans certains aliments aussi, il ne faut pas virer fou, mais on a un protocole de désinfection des objets qui pourraient être tombés dans les habitats. Donc, Jean-Philippe va le nettoyer et ce qu'il m'a demandé aussi, c'est de l'expliquer aussi aux parents. Je vais retourner voir la famille qui l'a échappé et je vais le leur donner dans un sac de plastique. Je vais leur dire: à la maison, lavez-le, peut-être le mettre un petit peu aussi dans la sécheuse pour être certain que vous ne ramenez pas quoi que ce soit à la maison.

  Musique

Radio - Cylia à la personne responsable des enrichissements. 

Francis Cardinal - (À la radio) Francis à l'écoute. 

Francis Cardinal - Le radio émetteur est au cœur de notre journée au Biodôme, parce que c'est ce qui nous permet d'être connectés avec les autres services, les autres divisions. Cylia est une technicienne en soins animaliers: elle fait partie de l'équipe des collections vivantes et elle s'occupe entre autres des mammifères de l'érablière des Laurentides. C'est elle qui va aller nourrir et s'occuper, par exemple, des loutres, mais aussi des ratons laveurs dans l'érablière. 

Radio émetteur - Bon matin Francis. Je vais mettre un tuyau en PVC troué dans l'habitat des loutres. C'est un enrichissement qu'on utilise, ça va être rempli avec des poissons et on espère que les loutres vont manipuler l'objet pour aller trouver les poissons à l'intérieur, les sortir et les manger. 

Francis Cardinal - (À la radio) D'accord, merci Cylia. C'est moi qui vais venir faire l'interprétation de l'enrichissement parce qu'on a deux personnes absentes aujourd'hui. Donc, je vais venir interpréter ça pour les visiteurs, merci. 

  Musique

Francis Cardinal - Pourquoi on donne des poissons vivants? C'est que le poisson, quand il est vivant il va s'échapper, il va s'enfuir et ça, c'est un enrichissement pour l'animal parce que ça va le faire nager, accélérer, chasser, exprimer finalement les comportements naturels qu'on trouverait en nature. C'est vraiment un choix. On ne le fait pas tous les jours ou tout le temps. De temps en temps, ça va être comme ça, et ça aussi c'est du travail. Ce qu'on veut finalement c'est varier le travail des animaux.

Francis Cardinal - On a établi une collaboration avec l'équipe des collections vivantes. Ce qu'on voudrait, c'est que chaque fois qu'il y a des enrichissements ou des entraînements qui sont effectués dans les écosystèmes, avec des animaux, que l'équipe de l'éducation soit interpellée et soit amenée à venir vulgariser et expliquer ce qui se passe. Parce qu'on en est fier et on veut que les gens comprennent. On ne veut pas que les gens passent devant un habitat et qu'il y ait quelque chose qui flotte dans l'eau. Que les gens pensent que c'est un jouet pour donner un spectacle pour les visiteurs. Ce n'est pas des spectacles qu'on fait, c'est vraiment des entraînements, des enrichissements qu'on fait. Je parlais beaucoup d'enrichissements où; on va varier la nourriture, où; on va faire travailler les animaux. On fait aussi beaucoup d'entraînements afin de faciliter, par exemple, des traitements médicaux. La journée où; on va avoir besoin de sortir cet animal-là de son habitat, on va le faire sans stress. Des fois, on parle avec des visiteurs d'un animal, comme par exemple ce matin, je parlais avec des gens des loutres. Puis, je leur ai annoncé ce qui allait se passer, un enrichissement, qu'on allait leur mettre de la nourriture.

Francis Cardinal - Elle a déjà un poisson dans la bouche, qu'est-ce qui se passe? La deuxième est là. C'est un mâle et une femelle, c'est deux loutres qui ne se connaissaient pas il y a quelques mois. Puis, quand on rassemble deux animaux comme ça, deux carnivores, surtout qu'ils ne se connaissent pas, c'est un peu comme un mariage forcé, finalement. Parce qu'ils vont cohabiter pendant longtemps dans un petit habitat. Donc, on a fait toutes sortes de choses un peu spéciales pour qu'ils apprennent à se connaître. Quelque chose de spécial qu'on a fait: on prenait les excréments du mâle et de la femelle et on les échangeait dans leurs habitats pour qu'ils apprennent à se connaître avec les odeurs. C'est loin de ce que nous on fait, les êtres humains. Quand on va chez quelqu'un pour la première fois, d'habitude, on s'arrange pour ne pas laisser de traces. Une bonne journée de travail, quand on se donne une bonne grosse tape dans le dos, c'est quand on réussit à parler de toutes les étapes avec des visiteurs. C'est-à-dire: on va parler d'un animal, d'un écosystème. Après ça, on va parler d'une problématique environnementale pour finir avec des actions qui peuvent être faites pour protéger cet animal-là ou cet écosystème-là, les actions individuelles. Puis, la cerise sur le sundae, ce serait de parler d'actions collectives. Qu'est-ce que cette personne-là peut faire avec sa famille, dans son milieu de travail?  Un jeune, ça pourrait être à l'école. C'est de passer le mot, finalement. Dans le jargon ici, on appelle ça la pyramide d'intervention. 

Francis Cardinal - La pyramide d'intervention, c'est imagé. C'est symbolique, une pyramide, mais il y a toute une logique derrière ça. On commence avec des informations plutôt générales puis, plus on va vers le haut de la pyramide, plus on va vers des sujets de plus en plus précis. Au début, on va parler des écosystèmes en général, des espèces, pour aller tranquillement vers une problématique environnementale et là, on se rapproche de plus en plus du haut de la pyramide. On va suggérer des actions qu'une personne peut faire de manière individuelle.  La cerise sur le sundae, c'est d'arriver à parler d'actions collectives que les personnes pourraient faire. 

  Musique

Francis Cardinal - Je suis fier de travailler au Biodôme parce qu'on est au cœur de toutes nos décisions, de notre programme éducatif, du bien-être animal et aussi car on a une mission éducative. Je comprends les gens qui se questionnent sur l'utilité et la nécessité d'avoir un zoo en 2021, de garder des animaux en captivité. Mais quand on regarde la mission que le Biodôme se donne: d'accompagner les gens, de les rapprocher de la nature, puis de les sensibiliser et de les amener ultimement à passer à l'action, pour moi, ça vient justifier toute cette énergie-là. 


Ce balado est une production d'Espace pour la vie, un service de la Ville de Montréal.

Avec la participation de Francis Cecil-Cardinal, éducateur concepteur scientifique de l'équipe du Biodôme.

  • Réalisation : Amarilys Proulx et Marine Fleury
  • Recherche et scénarisation : Amarilys Proulx
  • Recherche musicale : Marine Fleury 
  • Prise de son : Antonin Wyss 
  • Montage et mixage : Simon Gauthier

Espace pour la vie, le plus important complexe en sciences de la nature au Canada, a pour mission de rapprocher l'humain de la nature et de favoriser une prise de conscience sur la nécessité de s'engager dans sa protection.