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Carnet horticole et botanique

Le houx

Français
Le houx (Ilex x meserveae)
Photo : Jardin botanique de Montréal (Gilles Murray)
Ilex x meserveae.

Histoire

Coutume et symbole

L'histoire connue du houx remonte aux grands peuples de l'Antiquité, époque où le langage des fleurs a atteint son apogée. Il était alors coutume de décorer les maisons, les autels, de s'orner soi-même ou de remercier les personnes chères par des compositions florales de verdure et de fleurs comportant un message. Chaque plante avait une signification symbolique et la combinaison de différentes plantes résultait en un message. L'arrangement floral avait généralement la forme d'une guirlande ou d'une couronne. Ainsi, chez les Romains, des couronnes de houx étaient offertes aux jeunes mariés en signe de bons vœux et de félicitations. Pour les Grecs, le houx conférait la prévoyance.

Les Romains célébraient « allègrement » les Saturnales à la fin du calendrier romain, soit le mois de décembre. En l'honneur de Saturne, dieu des semailles et de la culture de la vigne, ces festivités coïncidaient avec la fin des activités agricoles et le solstice d'hiver, moment de l'année où les jours commencent à rallonger. Il était alors de bon ton d'envoyer des présents garnis de houx à ses amis. Voilà d'où nous viendrait, estiment les historiens, la coutume de l'utilisation du houx au temps des fêtes en signe de bienveillance.

Le houx est aussi depuis fort longtemps un symbole sacré. Les druides, ces prêtres des Celtes et des Gaulois, croyaient que le soleil ne quittait jamais les plants de houx (le houx d'Europe ne perd pas ses feuilles en hiver comme la majorité des plantes). En décorant les habitations de branches de houx, les esprits de la forêt pouvaient y trouver refuge pendant les rigueurs de l'hiver. Le houx était donc une plante sacrée. Dans la langue anglaise, le houx se dit holly et l'on croit que ce mot résulterait de la déformation du mot holy (saint).

Superstition et croyance

Plus d'une superstition et croyance émaillent l'histoire du houx. Les anciens Européens croyaient que par ses feuilles épineuses, le houx repoussait les mauvais esprits, entre autres les sorcières et les foudres du ciel. Étrangement, on retrouve aussi cette croyance chez certaines communautés de Premières Nations de l'est de l'Amérique du Nord qui plantaient du houx près de leurs habitations. Ils avaient de plus découvert une méthode de séchage des baies qui en préservait toute la brillance et la rondeur. Elles servaient à la décoration des vêtements et des cheveux ainsi que de monnaie d'échange avec d'autres peuplades où le houx ne poussait pas à l'état naturel. Des rameaux de houx peints sur des objets ou brodés sur des vêtements étaient signe de chance. Pour les guerriers autochtones, la plante entière avait force de symbole : la rigidité de son bois représentait leur résistance, les épines leur férocité, et la longévité des feuilles, leur courage face à l'ennemi.

Origine

Même le nom latin du houx a son histoire. Le nom du genre Ilex était autrefois le nom d'espèce d'un chêne de la région méditerranéenne possédant des feuilles aux bords épineux, le Quercus ilex. L'ancien nom latin du houx était Aquifolium, mais Linnée n'appréciant pas ce nom de genre comportant deux mots, lui attribua le nom d'Ilex, mot celtique signifiant « pointe ». Le houx d'Europe, mieux connu sous le nom vernaculaire de houx anglais, devint l'Ilex aquifolium. Cette espèce, ou plus précisément les cultivars qui en sont dérivés, est celle qui est la plus cultivée comme houx de Noël.

Malgré cette « célébrité » fermement établie du Ilex aquifolium, le genre Ilex (famille des Aquifoliacées) comprend quelque 400 espèces! Et ces houx ne sont pas tous à feuilles persistantes et épineuses. De plus, toutes les baies ne sont pas exclusivement rouges : il y en a des jaunes, des noires et des blanches. La majorité des espèces sont tropicales et on en trouve dans les deux hémisphères. Une seule espèce, l'Ilex verticillata, est indigène au Québec; c'est une espèce à feuilles décidues, mais très ornementale quant à sa production de baies rouges très apparentes après la chute des feuilles. C'est aussi, il faut bien le réaliser, une des espèces les plus rustiques. On la rencontre dans les boisés humides et sur les rivages. Il y a quelque 25 espèces de houx aux États-Unis, la plupart concentrées dans les régions du sud-est. La plus cultivée est l'Ilex opaca, appelée houx américain, espèce à feuilles persistantes mais peu lustrées, épineuses et à baies rouges.

Les Ilex sont des plantes dioïques : les fleurs mâles et les fleurs femelles sont portées par des individus différents. Si on désire une production de baies, il faut donc s'assurer de la présence des deux sexes. Ainsi, dans les cultures de houx, un plant mâle est nécessaire pour une quinzaine de plants femelles.

Utilisations

En horticulture ornementale, le houx, grâce à ses nombreuses espèces et ses très nombreux cultivars, a de multiples usages. En aménagement, on l'utilise en massif ou comme spécimen isolé, en haie ou en bordure et en art topiaire. Les houx nains sont souvent utilisés pour la formation de bonsaïs ou la production de potées de Noël.

Encore aujourd'hui, c'est de la Côte Ouest américaine que proviennent dès la fin novembre les rameaux importés par les grossistes en fleurs. Au Québec, la demande n'est pas très forte. Les fleuristes et leurs clients n'apprécient guère un matériel aussi piquant. Le houx est très périssable s'il n'est pas conservé à un taux d'humidité élevé et à une température voisinant les 1 °C. Les rameaux sont souvent dépourvus ou faiblement garnis de baies. Aussi, un autre houx devient très populaire, le houx verticillé (Ilex verticillata, eh oui, « notre » houx!), produit par les Hollandais. Malgré l'absence de feuilles, les tiges garnies généreusement d'attrayantes baies rouges font merveille dans les arrangements floraux.

Usages médicinaux

Servi en infusion, en décoction ou appliqué en fomentation, les multiples usages du houx sont connus depuis longtemps. À titre d'exemple, une décoction de feuilles et d'écorce a souvent été jugée égale et même supérieure à la quinine contre les fièvres intermittentes. Plusieurs espèces font partie de la médecine traditionnelle chinoise : I. chinensis, I. cornuta, I. rotunda. Le thé du Paraguay (I. paraguariensis), aussi connu sous les noms de maté ou yerba maté, est un stimulant nerveux, musculaire et cérébral qui a été utilisé pendant la Première Guerre mondiale par les armées britannique, française et allemande.

 

Texte tiré de l'article d'Édith Morin, Quatre-Temps, vol.19, no.4.