Plusieurs champignons sont carnivores. Chez les plantes supérieures, sept familles possèdent des espèces carnivores (voir le Tableau des familles et genres). La septième de ces familles, les Dioncophyllacées s'est ajoutée tout récemment à la liste à cause de l'un de ses représentants, Triphyophyllum peltatum.
Le carnivorisme existe probablement chez beaucoup d'autres végétaux, bien qu'à un degré moindre. Des recherches récentes ont même démontré qu'il existait des plantes dont les graines sont recouvertes d'un mucilage capable d'attirer, de tuer et de digérer de très petits organismes comme des larves de moustiques, des protozoaires, etc.. Leur germination et les débuts de leur croissance en seraient alors favorisés.
Plante tropicale rare pensez-vous? Détrompez-vous. Ce phénomène a été découvert chez la bourse-à-pasteur (Capsella bursa-pastoris), une des mauvaises herbes les plus fréquentes de nos villes.
Évolution du carnivorisme
Au moins deux groupes de plantes supérieures ont développé simultanément une diète carnivore.
Comment s'est effectuée une telle évolution? Bien qu'il soit difficile de répondre catégoriquement à cette question, faute de fossiles adéquats, il est tout de même possible de construire un modèle de leur évolution.
Accidentellement carnivores?
Disons en premier lieu qu'il a toujours existé des plantes non carnivores possédant des feuilles en forme d'urne qui pouvaient accumuler de l'eau; par exemple chez plusieurs plantes épiphytes. Certains insectes peuvent y choir accidentellement et y mourir noyés. Puis, leur décomposition, surtout effectuée par les bactéries, libère dans le milieu une certaine quantité de substances dégradées.
Parallèlement, l'absorption de sels minéraux par les feuilles, quoiqu'étant une caractéristique des plantes carnivores, ne leur est cependant pas exclusive. Ainsi, par exemple, l'arrosage des feuilles avec des substances nutritives, principalement le phosphore, est une technique bien connue en horticulture. Si les substances dégradées obtenues de la décomposition sont absorbées par la plante, celle-ci devient alors carnivore par un jeu de circonstances fortuites.
Une question d’adaptation
C'est ainsi que sont probablement apparues les premières plantes carnivores qui, avec l'utilisation de cette source supplémentaire d'éléments nutritifs, se sont mieux adaptées aux milieux pauvres. Les autres adaptations morphologiques ou physiologiques sont le résultat de sélections successives en vue d'améliorer le nouveau mécanisme d'assimilation : couleur et nectar pour attirer les proies, production d'enzymes digestifs, etc.
Heliamphora, le genre apparemment le plus primitif parmi les plantes carnivores, vient appuyer ce modèle. Il possède des feuilles enroulées dont les bords sont soudés pour former une urne. De plus, il est totalement dépourvu de glandes digestives, la décomposition y étant exclusivement effectuée par des bactéries.
Notons que les glandes sécrétrices de substances à propriété adhésives ne sont pas uniques aux plantes carnivores. En effet, certaines plantes ont développé de telles glandes qui leur assurent une certaine protection contre les insectes herbivores.
Références :
- Barber, J.T. Interactions Between Mosquito Larva and Mucilaginous Plant Seed, Mosq. News, vol. 36, 1976, p. 301-307.
- Lloyd, F.E. The Carnivorous Plants, Mass., Chronica Botanica Company, 1942, 352 p.
- Simons, P. « How Exclusive Are Carnivorous Plants? », Carnivorous Plant Newsletter, vol. 10, 1981, p. 65-68.
- Slack, A. Carnivorous Plants, Mass., MIT Press, 1979, 240 p.