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Carnet horticole et botanique

Sarracénies (Sarracenia)

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Sarracénie pourpre (Sarracenia purpurea)
Photo : Jardin botanique de Montréal (Gilles Murray)
Sarracenia purpurea

Les représentants du genre Sarracenia sont tous caractérisés par des feuilles modifiées en trappes ou vases, servant à la capture d'insectes. Ces trappes montrent cependant une grande variété de formes à l'intérieur du genre, indiquant par le fait même une variété aussi grande de techniques de capture. La plupart sont en forme de trompette dressée, surmontée d'un lobe, l'opercule, qui préviendrait, entre autres, la dilution par la pluie du contenu digestif de l'urne. Un autre lobe, l'aile, longe l'extérieur à partir du col de l'urne jusqu'à sa base. Surmontant une longue hampe, la fleur solitaire pentamètre, de couleur jaune, rosée ou pourpre, est tout à fait singulière; elle possède un pistil en forme de parapluie renversé qui assure la pollinisation croisée.

On reconnaît généralement 8 espèces à l'intérieur du genre; elles sont toutes restreintes au sud-est des États-Unis sauf une qui atteint la région arctique du Canada, Sarracenia purpurea, l'une des plantes les plus remarquables de nos tourbières québécoises. Son apparence est très différente de celle des autres espèces : les urnes, réunies en rosette, sont courbées, ressemblant plus à des cornets acoustiques qu'à des trompettes. Contrairement aux autres espèces du genre, son opercule est dressé, et la pluie y tombe librement. De même, l'ouverture est comparativement beaucoup plus large que chez les autres Sarracénies. Cet aspect général différent reflète bien la méthode de capture particulière à la sarracénie pourpre.

Le piège

L'extérieur de la trappe, en plus de son rôle photosynthétique, attire les proies grâce à sa coloration vive et au nectar sécrété par des glandes présentes partout à sa surface. L'intérieur de l'urne est divisé en 5 zones; chacune d'elles possède une fonction particulière.

  • La zone 1 comprend la surface interne de l'opercule. On y trouve des glandes nectarifères et des poils pointant vers le bas.
  • La zone 2 forme un anneau d'une largeur d'environ 1 cm, avec en son centre, le col de la trappe. Une énorme quantité de glandes nectarifères s'y trouve, donnant un aspect brillant à cette zone. La surface est étroite et glissante; les insectes s'y maintiennent difficilement. Alors que la limite entre les zones 1 et 2 est très nette, celle entre les zones 2 et 3 est imprécise; la transition se fait graduellement.
  • La zone 3 occupe toute la moitié supérieure de l'urne sous la zone 2. Sa surface cireuse est couverte de glandes; ces dernières sécrétant un liquide contenant des enzymes digestifs.
  • La zone 4, qui atteint presque le fond de la trappe, comprend une surface dépourvue de la cuticule qui couvre normalement les cellules épidermiques: ceci facilite l'absorption des substances à travers la paroi. De longs poils raides, courbés vers le bas, empêchent la fuite des insectes pris au piège.
  • La zone 5, plutôt réduite, se trouve au fond de l'urne. Elle n'a pas de poils et possède une cuticule. Son rôle est encore mal connu.

Sarracenia purpurea

Chez Sarracenia purpurea, l'eau de pluie forme, dans la zone 4 et 5, une réserve atteignant un niveau variable. C'est dans cette eau que les proies se noient. La digestion dépend largement de l'activité bactérienne dans le liquide, les enzymes sécrétés par la plante étant trop dilués pour être suffisamment efficaces. Une fois digérés, il ne reste des insectes que les parties dures comme l'exosquelette; celles-ci forment dans le fond de la fosse un amoncellement de débris facilement observable lorsque l'on déchire la feuille jusqu'à la base.

Sarracenia purpurea Linné

Genre dédié par Tournefort à son collaborateur, un médecin du Roi du Québec, Michel Sarrazin, qui lui envoya un spécimen en France (Barabé et Bouchard, 1977); l'épithète purpurea signifie pourpre.

  • Nom commun : Sarracénie pourpre, petits cochons, oreille de cochon, herbe-crapaud
  • Nom anglais : Purple pitcher plant
  • Description : Feuilles en cornets, réunies en rosette. Fleur solitaire pourpre, sur une hampe d'environ 30 à 60 cm de longueur. Floraison printanière.
  • Habitat : Au Québec, on la trouve dans les tourbières à sphaignes, très acides. Cependant, il semble que l'acidité ne soit pas une exigence particulière de la plante puisqu'elle habite aussi les marécages alcalins de marne de la région des Grands Lacs.
  • Distribution au Québec : Générale, même au nord
  • Distribution mondiale : Est de l'Amérique du Nord

Référence : Barabé, D. et A. Bouchard. « Les grandes explorations botaniques des XVIIIe et XIXe siècles au Québec: 1- Avant la conquête », Bulletin de la SAJIB, vol. 3, no. 1, 1977, p. 34-40.