Un sursaut de brillance pour la comète 17P/Holmes
Une comète découverte il y a 115 ans a connu à la fin octobre 2007 un formidable sursaut d'éclat, qui l'a rendue aisément visible à l'œil nu pendant quelques semaines, même en pleine ville et malgré la Pleine lune!
La comète 17P/Holmes circule autour du Soleil sur une trajectoire allongée, entre les orbites de Mars et Jupiter; la comète boucle son orbite en 7 ans environ. Normalement, à cette distance, ce devrait être un objet plutôt faible, de magnitude +16 environ, ce qui en ferait une cible limitée essentiellement aux observations photographiques. Or, du 23 au 24 octobre 2007, la comète Holmes a rapidement gagné en luminosité et a atteint la magnitude +2,5 — un gain de luminosité d'un facteur d'au moins 500 000 en quelques heures seulement! Bien que de nombreuses hypothèses soient mises de l'avant, les astronomes ignorent toujours la cause exacte de ce sursaut.
Dès les premières heures du sursaut, la comète Holmes se présentait au premier coup d'œil comme une étoile supplémentaire dans la constellation de Persée. À l'œil nu, la comète avait au départ une apparence ponctuelle, comme les étoiles brillantes du voisinage, mais depuis le 28 octobre, le nuage de gaz et de poussière qui entoure le noyau (la coma) a pris une expansion considérable : au cours de la première moitié de novembre, la comète Holmes ressemblait à une étoile légèrement floue lorsqu'on la regardait à l'œil nu. Après la mi-novembre, la Lune a gêné les observations pendant quelques nuits. À présent, la Lune se lève assez tard pour permettre d'observer la comète en début de soirée.
L'enveloppe de poussière éjectée à la fin d'octobre continue de prendre de l'expansion et se dilue progressivement dans l'espace. On estime qu'elle fait maintenant plus de trois millions de kilomètres de diamètre — plus vaste que le Soleil! En se diluant ainsi, la comète perd graduellement de son éclat : il faut maintenant une paire de jumelles pour l'apercevoir dans un ciel « pollué ». À la campagne, cependant, Holmes est toujours visible à l'œil nu.
Une boule de neige sale
Le noyau d'une comète est constitué de glace d'eau et de gaz gelés par le froid de l'espace, mêlés de poussières et de petits cailloux, le tout de la taille d'une montagne. Très sombre et de petite taille, un noyau de comète est difficile à détecter. Ce n'est qu'à proximité du Soleil que la chaleur libère
progressivement les gaz et la poussière, qui forment une énorme enveloppe lumineuse autour de ce noyau : c'est la chevelure, ou coma. Lorsque le dégazage est important, les gaz et la poussière s'étirent en une longue queue derrière la coma.
La texture friable des noyaux de comètes fait qu'ils peuvent à l'occasion se briser ou relâcher de gros fragments, ce qui libère soudainement un surcroît de gaz et de poussières. À ce moment, une comète devient temporairement plus brillante. Les sursauts de luminosité sont donc assez fréquents chez les comètes : toutefois, l'ampleur du sursaut actuel est véritablement exceptionnelle.
Un précédent
Fait à noter, la comète Holmes semble prédisposée à ce genre de comportement hors norme. En effet, lorsqu'elle a été observée pour la première fois le 6 novembre 1892, à Londres, par l'astronome anglais Edwin Holmes, la comète connaissait un autre sursaut de brillance, ce qui a certainement été un facteur déterminant pour sa découverte.
Combien de temps le phénomène durera-t-il cette fois-ci? Chose certaine, son éclat continuera à diminuer à mesure que son halo de poussière s'étale dans l'espace — à moins qu'un autre sursaut se produise au cours des prochains mois. C'est d'ailleurs ce qui s'était produit après la découverte de la comète il y a 115 ans! Comme quoi Holmes est une comète à surveiller de très près.
La comète Holmes se déplace très lentement et demeurera dans la constellation de Persée au cours des prochains mois, passant tout près de l'étoile Algol vers le 23 janvier 2008. Cette région du ciel sera bien placée pour l'observation en soirée pendant tout l'hiver. Affaire à suivre…
Bonnes observations!