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Carnet horticole et botanique

Vers blancs

Ravageurs et maladies
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Vers blancs.
Photo : Jardin botanique de Montréal
Phyllophaga anxia

Onglets

Description

Résumé

Les larves du hanneton commun, du hanneton européen et du scarabée japonais, communément appelées « vers blancs », causent parfois d'importants dommages à la pelouse en se nourrissant des racines des graminées à gazon. Les zones endommagées jaunissent ou brunissent et peuvent être soulevées comme un tapis. Les vers blancs sont appréciés des mouffettes, des ratons laveurs et autres petits mammifères qui peuvent creuser des trous dans la pelouse pour s'en nourrir.

Signes et symptômes

  • Les dommages causés par les vers blancs sont surtout visibles au printemps et à l'automne. La pelouse jaunit et semble manquer d'eau. Elle reste sèche même après un arrosage. Le gazon mort se soulève comme un tapis. Au-dessous, des larves blanchâtres grignotent les racines.
  • De petits mammifères (marmottes, mouffettes, ratons laveurs, taupes) peuvent creuser des trous dans la pelouse à la recherche des vers blancs. La présence de bandes d'oiseaux (carouges, étourneaux, etc.) qui picorent la pelouse en quête de nourriture est un autre signe indicateur d'une infestation souterraine.

Nom latin

Phyllophaga anxia, Amphimallon majalis, Popillia japonica

Plantes hôtes

Les vers blancs se nourrissent des racines de plusieurs plantes ornementales et vivrières, mais particulièrement : les graminées (gazon, blé, avoine, orge, maïs), les légumineuses (luzerne, trèfle) et certaines plantes potagères (fraisier, carotte, pomme de terre).

Nom des plantes hôtes

Cycle de développement

Description et cycle de développement

Le hanneton commun, le hanneton européen et le scarabée japonais font partie de l'ordre des Coléoptères et de la famille des Scarabéidés. Les insectes adultes sont facilement identifiables, mais leurs larves se ressemblent beaucoup. Ils subissent une métamorphose complète (insectes holométaboles) : avant de devenir adultes, ils passent par le stade d'oeufs, de larves et de nymphes.

Oeufs : Ils sont de forme sphérique, ovale ou elliptique, et de couleur blanche. Les œufs du hanneton européen tournent au gris quelques jours après la ponte.

Larves : Elles sont blanchâtres et recourbées en forme de « C ». Elles possèdent une tête brunâtre et trois paires de pattes épineuses. Elles atteignent environ 2 à 3 cm à maturité, selon l'espèce.

Nymphes : Elles ressemblent à de petites momies avec leurs pattes, leurs ailes et leurs antennes étroitement repliées sur le corps. Elles ne se nourrissent pas et restent immobiles. Elles sont de couleur jaunâtre ou brunâtre.

Le hanneton commun (Phyllophaga anxia), communément appelé «barbeau», est un gros insecte d'environ 2,5 cm de longueur, d'un brun foncé presque noir. Ses courtes antennes se terminent par une massue formée de lamelles. Une petite dent prolonge les pinces situées à l'extrémité de ses pattes.

Le cycle biologique du hanneton commun se déroule sur trois ans. Les insectes hivernent dans le sol sous forme de larves ou de jeunes adultes.

Au printemps, de la mi-mai à la mi-juin environ, les insectes adultes émergent du sol. Au crépuscule, ils s'envolent et s'assemblent en essaims dans les arbres pour s'accoupler et se nourrir de feuillage (bouleau, chêne, érable, frêne, orme, peuplier, saule, etc.). Durant le jour, ils s'abritent dans les zones enherbées.

Suite à l'accouplement, les femelles pondent leurs œufs (50 en moyenne) dans de petites boulettes de terre qu'elles enfouissent dans le sol des prairies ou des gazons. Les oeufs éclosent environ un mois plus tard. Au cours de leur premier été, les jeunes larves se nourrissent surtout de débris végétaux. Après une mue, elles passent au deuxième stade larvaire À l'automne, elles s'enfoncent profondément dans le sol pour leur premier hiver.

Au printemps de leur deuxième année, les larves (2ième stade larvaire) remontent à la surface pour se nourrir jusqu'à la fin de juin. Elles passent ensuite au troisième stade larvaire, le plus destructeur. C'est la période où elles causent le plus de dommages. À l'automne, elles s'enfoncent de nouveau dans le sol.

Au cours de leur troisième année, les larves s'alimentent jusqu'en juin. Ensuite, elles s'enferment dans une loge dans laquelle elles se transforment en nymphes puis en adultes qui demeurent dans le sol jusqu'au printemps suivant.

Le hanneton européen (Amphimallon majalis) ressemble au hanneton commun mais il est plus petit, environ 1,5 cm de long, et de couleur brun doré à brun roux. Le cycle biologique complet dure un an. Les insectes passent l'hiver dans le sol sous forme de larves.

De la fin juin à la mi-juillet, selon les régions, les adultes émergent du sol. Au crépuscule, ils s'assemblent dans les arbres pour s'accoupler mais ne mangent guère, se contentant de grignoter le bord des feuilles. Les femelles pondent leurs œufs (20-30 œufs en moyenne) dans le sol.

Quelques semaines plus tard (fin juillet, début d'août), les jeunes larves (1er stade larvaire) apparaissent et se nourrissent jusqu'à la deuxième ou troisième semaine du mois d'août. Le deuxième stade larvaire s'étend de la mi-août à la mi-septembre environ. Les larves passent ensuite au troisième stade larvaire. Avant la fin de l'automne, elles s'enfouissent dans le sol sous la ligne de gel pour passer l'hiver. Au printemps, elles remontent vers la surface pour se nourrir. Vers la fin mai, elles redescendent à environ 25 cm sous terre et se transforment en nymphes. Les adultes font leur apparition au début de l'été.

Le scarabée japonais (Popillia japonica) est de couleur vert métallique et d'une longueur d'environ 1 cm. Il est muni d'élytres cuivrés et de touffes de poils blancs de chaque côté de l'abdomen. Le cycle biologique s'étale généralement sur un an. Les insectes hivernent dans le sol sous forme de larves.

En juillet, les adultes émergent du sol pour s'alimenter et s'accoupler. Contrairement aux hannetons, ils sont actifs pendant le jour. Les femelles pondent dans le sol (40 à 60 œufs) et les larves apparaissent deux semaines plus tard. Elles se nourrissent de racines jusqu'à l'automne. Le 1er stade larvaire débute vers mi-août et se termine vers la mi-septembre. Les larves passent ensuite au 2ième stade larvaire, puis elles subissent une dernière mue au début d'octobre. Les larves du 3ième stade s'enfouissent dans le sol pour l'hiver.

Au printemps suivant, les larves (3ième stade larvaire) remontent à la surface pour s'alimenter. Elles se métamorphoseront en nymphes vers la mi-juin puis en adultes vers le début de juillet.

Prévention et contrôle

Conditions favorables

Les femelles préfèrent pondre dans les lieux suffisamment humides et nourrissants pour assurer la survie des oeufs et l'alimentation des larves : tas de compost ou de fumier, sols légers des prairies et des gazons. La pelouse coupée très courte facilite l'accès au sol et la ponte. L'éclairage nocturne attire les hannetons. Les hivers doux favorisent la survie des larves et sont partiellement la cause de l'augmentation des populations.

Dépistage

Observer régulièrement la pelouse, particulièrement au printemps et au début de l'automne. La venue de petits mammifères qui creusent des trous dans la pelouse est un bon indicateur d'une infestation souterraine. Découper et soulever des plaques de gazon pour confirmer la présence de vers blancs sous la pelouse. Examiner le sol jusqu'à une profondeur d'environ 10 cm. Si le sol est sec, creuser plus profondément. Il est avantageux d'effectuer le dépistage après quelques jours de pluie, car les vers blancs se tiennent généralement plus en surface lorsque le sol est humide.

Mesures préventives

  • Maintenir la pelouse dense et vigoureuse en adoptant de bonnes pratiques culturales : une pelouse en santé est plus résistante.
  • Garder la pelouse haute (7,5 cm) pour rendre l'accès au sol plus difficile et ainsi nuire à la ponte.
  • Espacer les arrosages pour ne pas créer un milieu constamment humide, idéal pour la ponte. Arroser en profondeur et au besoin.
  • Aérer les sols compacts; terreauter avec du compost; fertiliser modérément avec des engrais naturels; ensemencer les endroits clairsemés.
  • Limiter l'éclairage nocturne pendant la période de ponte (juin et juillet), car la lumière attire les hannetons. Couvrir le tas de compost.

Méthodes d’intervention

  • Les pelouses qui bénéficient de bonnes conditions de croissance et d'un entretien adéquat peuvent tolérer la présence de nombreux vers blancs sans présenter de dommages. L'objectif n'est pas d'éliminer totalement les vers blancs, mais plutôt de limiter leur nombre lorsqu'on constate des dégâts.
  • En cas d'infestation mineure, appliquer les mesures préventives ainsi que les méthodes de contrôle physique et biologique. Tolérer la présence des prédateurs naturels (mouffettes, ratons laveurs, etc.), car ils contribuent à réduire le nombre de vers blancs.
  • En cas d'infestation majeure (plus de 50 % de la surface gazonnée endommagée par les vers blancs et/ou par les petits mammifères), il est préférable de rénover la pelouse. Dans ce cas, il faut racler le gazon mort; travailler le sol; ramasser tous les vers blancs et les nymphes visibles; réensemencer ou dérouler du gazon en plaques. Il est important de vérifier les conditions de croissance et les pratiques culturales, puis d'apporter les correctifs nécessaires.

Contrôle physique

  • Tôt le matin, alors que les adultes sont moins actifs, il est possible de les ramasser à la main ou de les faire tomber dans un contenant d'eau savonneuse. Répéter l'opération régulièrement (idéalement tous les jours), aussi longtemps que les insectes sont présents.
  • Le soir, on peut attirer les hannetons nocturnes en installant une lumière derrière un drap blanc suspendu au-dessus d'un bassin d'eau savonneuse. Il suffit de les rabattre dans le bassin.
  • L'utilisation d'un aérateur mécanique à pointes permet de détruire un certain nombre de larves.

Contrôle biologique

  • Encourager la présence des oiseaux, car plusieurs se régalent des vers blancs.
  • Introduire des nématodes entomopathogènes qui parasitent les vers blancs. Lire attentivement l'étiquette du produit et suivre les recommandations du fabricant.

Contrôle chimique

Le Jardin botanique de Montréal ne recommande pas l'utilisation de pesticides pour contrôler les vers blancs.