- 3 Février 2016 - Planétarium : Actualités astronomiques
Certains médias ont rapporté que, à la suite du décès de David Bowie, une nouvelle « constellation » avait été créée en honneur de la rock star. Qu’en est-il vraiment?
Constellations et astérismes
Un astérisme, c’est simplement un dessin reliant des étoiles entre elles. En regardant le firmament, des figures géométriques ressortent entre ces centaines de points lumineux. On peut ainsi reconnaître un vaste triangle dans le ciel d’été, un immense hexagone par un beau soir d’hiver, ou au printemps, une faucille se levant à l’est.
À un niveau de complexité supérieur, on arrive à dessiner, avec parfois beaucoup d’imagination, des personnages, des animaux, des objets, comme l’ont fait nos ancêtres en inventant les constellations pour y représenter leurs personnages mythologiques. Le ciel était pour eux un véritable recueil de contes, une sorte d’album de bandes dessinées.
Mais ces constellations jouaient un autre rôle aussi important : elles aidaient à identifier les principales étoiles servant de repères pour la navigation et l’agriculture. Explorateurs et marchands se fiaient aux étoiles pour les mener à bon port lorsqu’ils franchissaient mers ou déserts. Les agriculteurs semaient et récoltaient en fonction du lever ou du coucher de certaines étoiles.
Chaque culture avait ses propres références. Comme dans bien d’autres domaines, c’est la culture occidentale, dont les racines gréco-latines plongent jusque dans l’Égypte ancienne et en Mésopotamie, qui domine aujourd’hui nos représentations de la voûte céleste.
Les constellations, d’hier à aujourd’hui
Claude Ptolémée avait décrit dans son Almageste (2e siècle) la position du millier d’étoiles les plus brillantes, réparties dans 48 constellations. Presque 1500 ans plus tard, les auteurs des premiers atlas célestes imprimés s’en sont inspirés pour représenter les constellations, allant même jusqu’à en inventer pour combler les vides. Mais leur nombre, leur dessin exact et leurs limites variaient d’un atlas à l’autre, et plusieurs étaient rapidement abandonnées. La découverte du ciel de l’hémisphère Sud par les explorateurs des 17e et 18e siècles a ouvert la porte à la création d’environ deux douzaines de nouvelles constellations.
Par souci d’uniformisation, et pour que chaque degré carré de la voûte céleste appartienne à une constellation précise, l’Union astronomique internationale décide d’ordonner ce chaos dans les années 1920. Elle confie au Belge Eugène Delporte la tâche de fixer définitivement le nombre des constellations et le tracé des frontières qui les séparent. Il en résulte une publication, Délimitation scientifique des constellations (1930), qui sert toujours de référence.
Au sens moderne du terme, une constellation inclut non seulement les étoiles brillantes qui dessinent son astérisme, mais toute la portion de territoire céleste qui les entoure, jusqu’à ses voisines. Nos 88 constellations officielles, immuables et fixées par convention, s’emboîtent ainsi les unes dans les autres, comme les pièces d’un casse-tête sphérique. Pas question d’en créer de nouvelles qui soient reconnues officiellement!
Par contre, tout le monde peut inventer ses propres astérismes. Les astronomes amateurs le font souvent, pour se repérer à l’œil nu dans le ciel, ou pour s’orienter à l’oculaire de leur télescope et trouver l’objet recherché. C’est le cas du dessin d’éclair, évoquant le maquillage du personnage de scène de Bowie et proposé par l’observatoire public belge Mira à l’instigation d’une station radiophonique bruxelloise. L’« éclair de Bowie » n’est entièrement visible que depuis l’hémisphère Sud, et certaines des sept étoiles qui le dessinent sont trop faibles pour être perceptibles à l’œil nu…
Avec le concours de Louie Bernstein.