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Élever des monarques, une fausse bonne idée

Papillon monarque (Danaus plexippus)
Credit: Espace pour la vie / André Sarrazin
Papillon monarque (Danaus plexippus)
Élever des monarques, une fausse bonne idée

Depuis de nombreuses années, le papillon monarque suscite un vif intérêt de la part du grand public, tant pour sa beauté que pour son statut d'espèce en péril. Pour contribuer à sa sauvegarde, bon nombre de personnes passionnées se lancent dans l'élevage de monarques avec l'intention sincère de les relâcher dans la nature. Or, cette pratique, bien qu’animée par de bonnes intentions, peut en réalité nuire à la conservation de l’espèce.

Dès 2019, le programme Mission monarque se prononçait contre l’élevage. Aujourd’hui, l’Insectarium de Montréal réaffirme sa position en défaveur de cette approche en raison des impacts négatifs qu’elle peut avoir sur la santé des populations sauvages. Heureusement, il existe plusieurs alternatives qui contribuent à la conservation du monarque. Ces pistes seront abordées plus loin dans l’article.

Les risques liés à l’élevage de monarques

L’un des principaux problèmes de l’élevage domestique est la propagation des maladies. En milieu naturel, les papillons font face à diverses pressions sélectives (météo, prédation, maladies) qui réduisent naturellement la propagation des pathogènes. En captivité, la promiscuité et le manque de diversité génétique augmentent les risques d’infections. Par exemple, le parasite Ophryocystis elektroscirrha (OE) est fréquemment observé chez les monarques élevés en captivité. Il peut causer des déformations des ailes, une faiblesse générale et une mortalité précoce.

En outre, l'élevage du monarque peut nuire à la diversité génétique. Dans la nature, seuls les individus les plus robustes survivent aux épreuves de la vie sauvage. Cette sélection naturelle est essentielle à la santé des populations à long terme. Lorsque les monarques sont élevés à l’écart de ces pressions, ils risquent de développer des traits qui les rendent moins adaptés aux changements climatiques ou aux défis de la migration. Ainsi, relâcher en grand nombre des individus ayant grandi dans des conditions artificielles pourrait altérer l’adaptation de l’espèce et affaiblir la population globale à long terme.

Un faux sentiment d’impact positif

Élever des monarques donne l’impression d’agir concrètement pour la conservation de l’espèce. Or, les efforts devraient plutôt être concentrés sur la protection de leurs habitats naturels. La véritable menace pour les monarques réside dans la disparition progressive de leur habitat et de l’asclépiade, leur plante hôte indispensable à leur cycle de vie. La fragmentation de leur habitat, l’usage intensif des pesticides et les changements climatiques ont un effet direct sur la population de ces papillons migrateurs.

Mission monarque, une alternative responsable

Plutôt que d’élever des monarques en captivité, il existe une façon bien plus efficace et scientifique de contribuer à leur conservation : Mission monarque. Notre programme de science participative permet de collecter des données sur la répartition des monarques et de leurs plantes hôtes. Ces inventaires fournissent de précieuses informations sur l’abondance, la distribution et la densité du monarque et de l’asclépiade. En observant et en documentant les populations sauvages, les citoyens et citoyennes aident les scientifiques à mieux comprendre où les chenilles grandissent pour mieux protéger ces lieux.

Participer à Mission monarque ne perturbe pas la sélection naturelle et permet de recueillir des données cruciales pour la conservation. De plus, cette forme d’implication sensibilise le public à l’importance des asclépiades et des pollinisateurs dans notre écosystème.

Comment aider les monarques autrement?

Voici quelques gestes simples et concrets pour favoriser la survie du monarque :

  • Planter des asclépiades indigènes dans son jardin, en pot sur son balcon ou sur un terrain vacant.
  • Favoriser la biodiversité en évitant l’usage de pesticides et en maintenant des habitats naturels.
  • Sensibiliser son entourage à l'importance de la conservation des habitats et des pratiques responsables.

L'élevage des monarques, malgré les bonnes intentions, présente des risques qui peuvent nuire à l’espèce sur le long terme. Plutôt que d’intervenir directement sur les populations, il est préférable d’adopter une approche scientifique et respectueuse de la nature. Créer des habitats favorables et les protéger, documenter les monarques sauvages dans leur environnement naturel à l’aide de programmes comme Mission monarque, et sensibiliser le public sont des actions bien plus bénéfiques à leur survie. En travaillant ensemble de manière informée et responsable, nous pouvons vraiment faire une différence pour cette espèce emblématique.

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