- 18 Octobre 2023 - Insectarium : Mission monarque
Le dossier Action citoyenne de Mission monarque rassemble des récits inspirants de citoyens et citoyennes qui contribuent à la sauvegarde du monarque.
Il existe de multiples façons de contribuer à la sauvegarde du papillon monarque. Plusieurs actions citoyennes s’intègrent d’ailleurs harmonieusement dans le programme Mission monarque. Michèle Nadeau, résidente à Lachine, a transformé sa pelouse en un jardin accueillant pour les pollinisateurs. Si ce jardin suscite les regards incertains à ses débuts, il parvient à convaincre les sceptiques du quartier au cœur de l'été.
D’où est venue l’idée?
Tout commence en 2014 lorsqu’un camion de la voirie recule sur le terrain de Michèle Nadeau en laissant des traces profondes. La municipalité s’engage à reverdir l’espace endommagé avec du gazon. Terre et semences sont livrées, mais rien ne pousse. C’est à ce moment que Michèle réalise que « c’est un peu inutile d’avoir du gazon en avant de la maison. » Avec une exposition sud-ouest en été, le gazon jaunit et même l’arbrisseau peine à pousser.
Les étoiles semblent être alignées. Le copain de la fille de Michèle étudie en aménagement urbain et a un intérêt prononcé pour l’écologie. Si l’idée d’un jardin fleuri est déjà semée dans la tête de Michèle, c’est lui qui permet de la faire germer. Sensible au déclin des populations d’insectes, dont les papillons, Michèle a cependant deux critères pour l’aménagement de son jardin : facilité d’entretien et impact environnemental positif.
Par où commencer?
Comme des animateurs et animatrices de l’émission de décoration Méchant changement, Michèle et sa famille, ultra motivés, arrachent tout! Pas question d’y aller à la bêche, ils utilisent une machine, mais cela reste un défi, précise la jardinière de Lachine. Ensuite, elle achète des sacs de terreau et plusieurs plantes à mettre en terre. Michèle Nadeau estime que l’investissement initial est de l’ordre de 500 ou 600$.
« Au début, ça a l’air un peu étrange », confie-t-elle. Michèle doit faire un choix de plantes, mais elle sait qu’elle veut un buisson du genre Buddleja pour attirer les papillons. Pour le reste, le copain de sa fille lui suggère d’opter pour des végétaux à croissance rapide et une diversité d'espèces pour une floraison sur l'ensemble de la belle saison.
Lorsqu’on aménage un jardin pour les pollinisateurs, il est tout indiqué d’inclure des plantes indigènes telles que l’asclépiade incarnate, la verge d’or et l’aster à grandes feuilles.
Un voisinage converti
De nombreux.euses voisins et voisines étaient sceptiques au début. « Les gens sont très attachés à leur gazon, remarque Michèle. Ils sont même réticents à laisser pousser les pissenlits.1»
Il faut essayer de convaincre la communauté. Une voisine de Michèle lui confie qu’elle ne trouvait pas le jardin très joli pendant que les plantes poussaient. Mais lorsque l’été était bien entamé, cette même voisine est revenue la voir en admettant que son opinion avait changé. Une autre voisine lui a même confié que le jardin apaise ses matins et souhaite faire pareil.
Michèle s’enthousiasme d’avoir aperçu des monarques ainsi que de tout petits papillons bleu pâle, des abeilles à profusion et plein d’autres insectes! « Aujourd’hui, les gens s’arrêtent, explique fièrement Michèle. J’ai vu une grand-maman montrer les bourdons à son petit-fils. Pour nous, ça nous donne du plaisir, de la variété de couleurs, des insectes! Tous les jours, c’est une découverte. » Même l’arbre au milieu de la cour, celui qui peinait à pousser auparavant, a l’air en meilleur état!
Des conseils pour un jardin réussi
Michèle souligne qu’il est essentiel de se renseigner au préalable pour choisir les bonnes plantes selon l’objectif désiré. « Notre objectif était d’attirer des insectes comme les monarques et les abeilles. »
On peut d’ailleurs faire certifier son Oasis pour les monarques grâce au programme d’Espace pour la vie. Ce programme fournit de bons conseils pour vous entourer de fleurs, de verdure et vous faire sentir près de la nature tout en préservant les monarques. Ces papillons, connus pour leur migration unique au monde, sont de moins en moins nombreux.
Et ensuite?
La jardinière n’a pas l’intention de s'asseoir sur ses lauriers. Ses projets pour l’an prochain la mèneront à déplacer quelques végétaux. « Maintenant que j’ai vu la hauteur à laquelle ils poussent, je compte déplacer les plus hauts vers l’arrière, près de la maison, pour ne pas qu’ils cachent les petites. »
Intégrer de l’asclépiade et des plantes nectarifères près de la maison représente non seulement un excellent moyen de soutenir le monarque, mais c’est aussi un formidable laboratoire à ciel ouvert pour faire des observations de monarques et les partager sur la plateforme Mission monarque. Michèle a également rejoint la communauté du programme de science participative pour y partager ses futures observations.
Malheureusement, plusieurs municipalités n’autorisent pas encore l’aménagement des cours avant pour en faire des jardins. Afin d’éviter une situation épineuse, mieux vaut se renseigner sur les normes d’entretien des terrains privés de sa ville ou de son arrondissement avant d’entreprendre des travaux.
1 En effet, les pissenlits sont parmi les premières fleurs à apparaître au printemps et au début de l’été. Ils constituent une excellente source de pollen et de nectar pour les pollinisateurs à une période de l’année où peu de ressources nectarifères sont disponibles. C’est pourquoi il est de bon voisinage de tolérer la présence de pissenlits le temps de la floraison et de laisser butiner les pollinisateurs.