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Susan Jocelyn Bell, le prix Nobel oublié

Susan Jocelyn Bell (Burnell), 1967
Credit: CC-BY-SA-2.0
Susan Jocelyn Bell (Burnell), 1967
  • Susan Jocelyn Bell (Burnell), 1967
  • Susan Jocelyn Bell (Burnell), 2009
  • Graphique sur lequel Jocelyn Bell Burnell a reconnu pour la première fois la présence d’un pulsar, exposé à la bibliothèque de l’université de Cambridge.
Susan Jocelyn Bell, le prix Nobel oublié

La remise du prix Nobel de physique en 1974 a créé une vive controverse alors qu’il fut attribué à l’astrophysicien Anthony Hewish pour la découverte des pulsars. Le problème réside dans le fait que les pulsars n’ont pas été découverts par Hewish, mais par une de ses étudiantes au doctorat, Susan Jocelyn Bell.

Une antenne gigantesque

Après avoir trimé dur pour obtenir son diplôme en physique en 1965, Mme Bell entreprend ensuite son doctorat en radioastronomie avec Anthony Hewish. Son champ d’études sera les quasars, des galaxies dont un trou noir trône dans le noyau.

Elle débute d’abord par la construction d’une gigantesque antenne en suivant les plans de Hewish. En deux ans, elle plante plus de 1 000 poteaux de bois auxquels elle fixe 2 048 antennes, reliées par 14 km de câble et 2 tonnes de fil de cuivre. Au final, l’antenne couvre une superficie de 20 000 mètres carrés, ou 2 hectares. Il est à noter que Hewish ne s’abaisse pas à aider son étudiante dans ce travail manuel.

Un signal étrange

L’antenne étant fixe, seuls les objets qui traversent son champ sont observables. Les observations débutent en juillet 1967. Le 6 août suivant, Jocelyn remarque un étrange signal qu’elle appelle « une saleté ». Mis au courant de ce signal qui ne se répète pas dans les semaines suivantes, Hewish rétorque à Bell que c’était une étoile éruptive et qu’elle l’avait manqué.

Puis en novembre, la source émet à nouveau un signal régulier qui se répète à toutes les 1,3 secondes. La régularité du signal étonne. Est-ce d’origine humaine? Bell et Hewish explorent toutes les hypothèses pour expliquer ce signal, allant d’une interférence humaine à une émission par un satellite artificiel.

Deux autres astronomes observent eux aussi le signal et ils estiment même sa distance à 212 années-lumière. Jocelyn Bell ironisera en nommant le signal LGM-1, pour Little Green Men 1 (petits hommes verts 1).

En décembre 1967, Jocelyn Bell découvre une deuxième source de signal répétitif. Il n’y a alors plus de doute : ces signaux sont d’origine stellaire.

Au début de l’année 1968, la revue Nature publie un article relatant la découverte des pulsars, avec Anthony Hewish comme premier auteur et Jocelyn Bell en second.

Dans les mois suivants, les astrophysiciens comprennent que les pulsars sont des étoiles à neutrons (des cadavres d’étoiles massives) dotés d’un puissant champ magnétique, qui émettent de la lumière et tournent rapidement sur eux-mêmes à la manière d’une toupie. Lorsque le faisceau pointe dans notre direction, nous détectons un signal lumineux se répétant régulièrement.

Le prix Nobel de physique

Le comité Nobel de physique attribue le prix en 1974 à Martin Ryle, pour ses travaux sur les techniques d’observation, et Anthony Hewish pour la découverte des pulsars. Il est surprenant que le comité n’ait pas inclus Jocelyn Bell comme récipiendaire du prix, sachant que trois lauréats peuvent être nommés chaque année.

Hewish déclarera plus tard, pour expliquer ce fait, que Mme Bell n’avait fait que suivre ses instructions ! Il n’en demeure pas moins que, grâce à son travail acharné, c’est elle qui a découvert toute seule les deux premiers pulsars.

Malgré l’oubli du comité Nobel, le nom de Jocelyn Bell est inscrit à tout jamais dans les livres d’histoire.

 

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