- 4 Septembre 2013 - Biodôme : Actualités environnementales
Du fond des océans au sommet des montagnes, notre Terre est peuplée d’une diversité impressionnante d'organismes vivants. Cette biodiversité est toutefois menacée ; chaque jour, des dizaines d'espèces disparaissent de notre Terre, à cause de notre indifférence ou de notre ignorance. Nous vous présentons aujourd’hui une des espèces menacées, la tortue luth.
La tortue luth, la plus grande tortue de la planète
Parcourant les mers depuis l’ère des dinosaures, la tortue luth est la plus grande tortue de la planète! C’est aussi la seule tortue marine qui ne possède pas une carapace dure. Celle-ci est plutôt recouverte d’une peau épaisse, qui ressemble à du cuir – d’où son nom anglais, Leatherback Turtle. Ces tortues passent la majorité de leur vie dans l’eau, notamment dans les océans au sud du cercle arctique. Au Canada, on les retrouve au large des côtes de la Nouvelle-Écosse, de Terre-Neuve et du Labrador, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard.
Au creux des sables : des petites tortues!
Lorsqu’arrive la saison de la reproduction, les tortues luth migrent vers les zones tropicales. Au moment de la ponte, la femelle sort des eaux à la tombée de la nuit, à marée haute, et se rend jusqu’à l’extrémité de la plage, à la recherche d’un endroit propice. Elle creuse un petit puits et y enfouit ses œufs, qu’elle recouvre ensuite de sable pour les protéger. Elle cache ses traces, puis retourne à la mer. Six à dix jours plus tard, elle revient et recommence le même manège. Une femelle peut pondre jusqu’à dix fois en une saison; le nombre total d’œufs peut s’élever à près d’une centaine. Les petites tortues naissent 70 jours plus tard et devront ramper jusqu’à la mer pour commencer leur vie marine. De 50 % à 60 % des œufs survivront jusqu’à l’éclosion, mais seuls quelques individus parviendront à l’âge adulte.
Changements climatiques et menaces à l’habitat
Saviez-vous que la température joue un rôle important dans la reproduction des tortues luth? Pour éclore, les œufs mâles requièrent, à l’intérieur du nid, une température qui se situe en deçà de 29,5 °C, ce qui n’est pas le cas pour les œufs femelles. Même si ceux-ci demandent des conditions similaires, les femelles survivront à des températures plus élevées, contrairement aux mâles. Cette situation rend la tortue luth très vulnérable aux changements climatiques, les hausses de température nuisant à la survie des mâles et déséquilibrant le ratio mâles/femelles. Convoités pour leurs effets soi-disant aphrodisiaques, les œufs sont aussi vulnérables au braconnage. L’accroissement des populations humaines et le développement des infrastructures touristiques empiètent constamment sur d’importantes plages de nidification et empêchent la ponte. L’éclairage artificiel désoriente les tortues adultes et les nouveau-nés, les bébés tortues étant guidés dans leur course par le reflet de la lumière sur l’océan. En mer, les tortues luth s’empêtrent souvent dans les filets de pêche et meurent noyées. Elles avalent également des sacs de plastique, qu’elles confondent avec des méduses, leur proie principale.
La solution : la science et l'éducation
La survie des tortues luth étant menacée, l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a classé l’espèce « en danger critique d’extinction ». De 1989 à 2004, le nombre de tortues luth nichant sur les plages a décliné rapidement. Les chercheurs ont estimé que le taux de survie annuel des adultes dans l’océan Pacifique avait chuté de 78 %. En partenariat avec des groupes de conservation et des communautés locales, les chercheurs de l’équipe du Dr Frank James Paladino colligent des données scientifiques concernant la nidification sur les plages du Costa Rica, pour guider les gestionnaires des aires de conservation. Depuis la création d’un parc en 1991, le nombre de nouveau-nés a augmenté, mais le nombre total de tortues est toujours en déclin. Comme les tortues luth se reproduisent peu en captivité, leur avenir semble précaire. Cependant, les actions entreprises, telles que l’éducation et la sensibilisation des populations locales, redonnent espoir pour leur survie.