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Vivre en paix avec les insectes piqueurs et mordeurs

Un moustique de l’espèce Uranotaenia sapphirina.
Credit: Espace pour la vie / André-Philippe Drapeau Picard
Un moustique de l’espèce Uranotaenia sapphirina.
  • Un moustique de l’espèce Uranotaenia sapphirina.
  • Apanthèse vierge (Grammia virgo), un papillon de nuit, victime potentielle des tue-insectes.
  • Design d’un modèle ancien de tue-insectes électrique.
  • Exemple de tue-insectes moderne.
Vivre en paix avec les insectes piqueurs et mordeurs

Au Québec, les insectes piqueurs et mordeurs comme les moustiques, les brûlots, les mouches noires et les taons, sont des incontournables de la saison estivale. Plusieurs souhaiteraient s’en débarrasser, mais quelles sont les solutions pour vivre en paix avec eux tout en ayant le plus faible impact possible?

Des inconforts à ne pas négliger

Tout d’abord, rappelons que les insectes piqueurs et mordeurs sont notamment attirés par le dioxyde de carbone issu de notre respiration, ainsi que par l’odeur de notre transpiration et du microbiome de notre peau.1 En plus de transmettre des pathogènes, certaines personnes présentent des réactions immunitaires fortes aux piqûres ou morsures d’arthropodes. Cela dit, la préoccupation pour les insectes piqueurs et mordeurs tient aussi du confort, ce qui n’est pas à négliger...

Une diversité d’outils pour échapper aux insectes

Une diversité impressionnante d'outils a été inventée pour tenter d’échapper à ces insectes. On peut les diviser en deux catégories : ceux qu’on installe dans l’environnement et ceux qu’on porte sur soi. Parmi les dispositifs environnementaux, les tue-insectes agissent comme pièges : ils attirent les insectes pour les éliminer. Le premier modèle breveté utilisait la lumière comme attractif et un grillage sur lequel les insectes imprudents s’électrocutaient. Ces bug zappers sont-ils efficaces? Des chercheurs  n’ont observé aucune différence significative entre le taux de piqûres dans les cours équipées de ces dispositifs et celles qui ne l’étaient pas.2 En fait, les insectes piqueurs et mordeurs ne sont pas particulièrement attirés par la lumière et ne représentent qu’une infime fraction des insectes tués par ces pièges.3 Malgré une inefficacité documentée depuis longtemps, plusieurs dispositifs en vente aujourd’hui utilisent encore cette technologie.

Les autres dispositifs cherchent au contraire à repousser les insectes en émettant de la fumée ou des insectifuges naturels ou synthétiques. Ces mêmes molécules peuvent être appliquées directement sur la peau pour prévenir les piqûres et morsures. Cependant, elles doivent être appliqués à intervalles réguliers pour maintenir une protection optimale. Ces molécules agissent en brouillant les repères olfactifs utilisés par les insectes piqueurs et mordeurs pour nous trouver. En voici deux exemples :

  • Le diéthyltoluamide (DEET)

Le DEET est l’ingrédient actif de plusieurs insectifuges topiques commerciaux. Son efficacité est attestée, si bien que son utilisation est recommandée par Santé Canada  (Informations sur la biosurveillance humaine du DEET). Il est sécuritaire lorsqu’il est utilisé selon les recommandations. Les effets indésirables graves sont extrêmement rares. L’ingestion accidentelle (notamment par la contamination d’aliments) ou l’application excessive sur la peau peuvent entraîner divers symptômes. Il est recommandé de ne pas appliquer de produit avant l'âge de 6 mois. De 6 mois à 2 ans, utilisez un produit contenant moins de 10 % de DEET, en petite quantité, une seule fois par jour.

  • Les huiles essentielles

Plusieurs plantes produisent naturellement des composés répulsifs comme les alcaloïdes et les terpénoïdes. À cet égard, l’huile essentielle de citronnelle (Cymbopogon citratus) et la combinaison d’huiles d’eucalyptus (Eucalyptus spp.) et de basilic commun (Ocimum basilicum) se sont avérées efficaces pour repousser certaines espèces de moustiques lorsqu’elles sont appliquées sur la peau4.

Dommages collatéraux

Comme les pièges à insectes, les méthodes répulsives peuvent aussi avoir des conséquences négatives sur d’autres animaux, voire sur la santé humaine. Qu’ils soient libérés par un dispositif sur la terrasse ou appliqués sur nos vêtements ou le pelage de nos animaux de compagnie, les insectifuges finissent par se retrouver dans l’environnement. Si la plupart se dégradent rapidement, on trouve quand même des traces  dans plusieurs habitats, notamment aquatiques, ainsi que dans des endroits plus inusités, comme les nids d’oiseaux5. Par précaution, peut-être devrions-nous limiter leur usage au strict nécessaire?

Des astuces efficaces ayant un faible impact

Voici quelques conseils pour mieux cohabiter avec les insectes piqueurs et mordeurs :

  • Freiner le développement des cycles de vie

Pour réduire la reproduction d'insectes qui se nourrissant de sang (ou insectes hématophages) , il faut restreindre leur accès aux sites de ponte. De nombreux objets de la vie quotidienne contenant de l’eau stagnante servent de microhabitats aux larves de moustiques : arrosoirs, jouets pour enfants, pneus, etc. Pensez à vider et ranger ces accessoires après usage.

  • Mettre en place des barrières physiques

Même s’il est impossible ni souhaitable d’éliminer tous les sites de pontes, certaines solutions permettent de limiter les contacts. Installer des moustiquaires à divers endroits (fenêtres, gazébos, tentes, etc.) est une bonne stratégie. Vous pouvez placer un ventilateur sur la terrasse pour tenir les insectes à distance. Portez aussi des vêtements longs et épais pour réduire l’accès direct des insectes à la peau.

  • Appliquer adéquatement des répulsifs

Tel que mentionné précédemment, l’application de certaines huiles essentielles protège contre certains moustiques. Quant au DEET, il peut être utilisé avec parcimonie.

Sans banaliser les impacts des insectes hématophages sur la société, n’oublions pas qu’ils sont un maillon important des chaînes alimentaires, en plus d’être des pollinisateurs et dans certains cas, des contributeurs à la qualité de l’eau.

Finalement, la question se pose : peut-on accepter de partager la nature avec les insectes... tous les insectes?

Références

  1. V. Coutinho-Abreu, O. Jamshidi, R. Raban, K. Atabakhsh, J. A. Merriman et O. S. Akbari. 2024. Identification of human skin microbiome odorants that manipulate mosquito landing behavior. Scientific Reports 14, 1631. https://doi.org/10.1038/s41598-023-50182-5
  2. S. Nasci, C. W. Harris et C. K. Porter. 1983. Failure of an insect electrocuting device to reduce mosquito biting. Mosquito News 43(2):180-184.
  3. B. Frick et D. W. Tallamy. 1996. Density and diversity of nontarget insects killed by suburban electric insect traps. Entomological News 107(2):77-82.
  4. Sritabutra, M. Soonwera, S. Waltanachanobon et S. Poungjai. 2011. Evaluation of herbal essential oil as repellents against Aedes aegypti (L.) and Anopheles dirus Peyton & Harrison. Asian Pacific Journal of Tropical Biomedicine S124-S128.
  5. Tassin de Montaigu, G. Glauser, S. Guinchard et D. Goulson. 2025. High prevalence of veterinary drugs in bird's nests. Science of the Total Environment 964(10):178439.

 

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