On dit souvent, de manière un peu désobligeante, que le ciel du printemps en est un « de transition ». Il est vrai qu’en avril, les magnifiques constellations d’hiver attirent encore l’œil en début de soirée du côté ouest, mais qu’elles se couchent rapidement. En deuxième partie de nuit, les belles constellations d’été sont bien installées à l’est, présage que le temps doux est à nos portes. Pourtant, le ciel de la saison printanière recèle aussi son lot de constellations intéressantes, et on aurait bien tort de les négliger !
Deux constellations importantes personnifiant des animaux dominent le ciel étoilé au printemps. La première est nulle autre que la Grande Ourse, sans aucun doute la plus connue de toutes les constellations. À cette époque de l’année, elle passe presque exactement au-dessus de nos têtes en soirée. On l’associe surtout à la fameuse Grande casserole, facile à reconnaître avec les quatre étoiles qui dessinent son récipient et trois autres pour son long manche recourbé : cet astérisme ne représente pourtant que la croupe de l’animal et sa queue, démesurément longue pour la circonstance. Les étoiles formant le reste du corps de l’ourse sont plus faibles et plus difficiles à distinguer en ville.
Plusieurs connaissent l’astuce pour retrouver l’étoile Polaire à partir de la Grande casserole : il s’agit de tracer une ligne entre les deux étoiles qui forment le bord du récipient du côté opposé au manche et de prolonger cette droite vers l’extérieur de l’ustensile. Quatre ou cinq intervalles plus loin, vous croiserez l’étoile principale de la Petite Ourse : bien connue parce qu’elle indique le nord, l’étoile Polaire n’est cependant pas particulièrement lumineuse, son éclat apparent la plaçant seulement au 48e rang des étoiles les plus brillantes.
Vous aurez remarqué que le manche de la casserole céleste est incurvé : en prolongeant cette courbe, on trouve Arcturus, troisième étoile la plus brillante, qui se distingue par sa couleur dorée. Arcturus est également l’étoile principale de la constellation du Bouvier, dont le dessin ressemble à un grand cerf-volant dans le ciel.
Poursuivez maintenant la courbe du manche au-delà d’Arcturus, et vous trouverez Spica, l’Épi de la Vierge, une belle étoile à l’éclat banc-bleuté. À l’exception de Spica, les étoiles qui composent la vaste constellation de la Vierge sont plutôt faibles, mais elle renferme un grand nombre de galaxies accessibles aux télescopes d’amateur.
Sous la Grande Ourse, vers le sud, on trouve le second animal vedette dans le ciel du printemps. Tracez une ligne entre les deux étoiles qui forment le bord du récipient, du même côté que le manche cette fois, et prolongez-la vers le bas : vous rencontrerez Régulus, l’étoile principale du Lion, l’une des rares constellations qui ressemblent vraiment à son appellation. Régulus se trouve à la base d’un point d’interrogation inversé qui dessine l’avant du fauve et sa crinière — un astérisme aussi connu sous le nom de Faucille. À gauche de cette faucille, un triangle d’étoiles complète l’arrière de l’animal.
En vous munissant de jumelles ou d’un télescope, vous pourrez découvrir entre la Grande Ourse, le Lion et la Vierge une région du ciel qui renferme quelques trésors et de nombreuses galaxies.
Mars dans le ciel du soir
Du côté des planètes, c’est encore Mars qui retient l’attention dans le ciel du soir en avril. Vous pourrez l’observer vers l’ouest à la tombée de la nuit. Repérez d’abord une étoile brillante de teinte orangée dans cette direction, à droite de la constellation d’Orion et à la même hauteur dans le ciel : c’est Aldébaran, dans le Taureau. Encore un peu à sa droite, vous pourrez aussi apercevoir un petit groupe d’étoiles serrées les unes contre les autres, l’amas des Pléiades, particulièrement joli aux jumelles et qui vaut le détour.
Mars se trouve présentement à une quinzaine de degrés au-dessus d’Aldébaran : on dirait une étoile orangée elle aussi, mais plus faible qu’Aldébaran. Le 16 avril, le croissant de Lune viendra s’intercaler entre la planète rouge et Aldébaran; le lendemain soir, la Lune sera au-dessus de Mars.
Jupiter et Saturne tôt le matin
La fin de la nuit sera l’affaire des planètes Jupiter et Saturne. On peut les apercevoir une douzaine de degrés au-dessus de l’horizon sud-est aux premières lueurs de l’aube. Le croissant lunaire sera situé juste sous Saturne le matin du 6 avril, avec Jupiter qui brille intensément à gauche de ce duo. Le lendemain matin, le mince croissant se trouvera sous Jupiter.
Super Lune
Le 26 avril, la pleine lune se produira moins de 12 heures avant son périgée, soit le moment où la Lune est au plus près de la Terre. C’est ce qu’on appelle abusivement une « super Lune » : en principe, cette pleine lune périgéenne devrait nous paraître un peu plus grosse que la moyenne dans le ciel, mais en pratique, il est impossible de remarquer la différence à l’œil nu, car nous n’avons pas de point de référence sous les yeux et la mémoire nous joue souvent de tours. Cependant, si on compare des photographies de la Lune prises avec le même appareil à des moments différents, la différence deviendra apparente. On remarquera aussi des marées plus importantes à cette occasion.
Vénus et Mercure
Un défi en terminant : les 24 et 25 avril, en tout début de soirée, tentez de repérer les planètes Vénus et Mercure. Elles seront visibles au ras de l’horizon ouest-nord-ouest 20 minutes après le coucher du Soleil, à un peu plus d’un degré l’une de l’autre. Le 24, Vénus, la plus brillante des deux, sera tout juste à gauche de Mercure et légèrement plus haute. Le lendemain, Vénus sera cette fois plus basse que Mercure. Mais attention, les deux planètes seront très difficiles à observer, car elles seront à peine à 2 degrés au-dessus de l’horizon et se coucheront rapidement vers 20h30. Une paire de jumelles et un horizon parfaitement dégagé seront essentiels pour réussir cette observation.
Bonnes observations !