L’équinoxe de septembre annonce l’arrivée officielle de l’automne dans l’hémisphère Nord. Alors que les nuits allongent rapidement à cette époque de l’année, plusieurs planètes attirent notre attention.
Deux d’entre elles sont visibles dans le ciel du soir en septembre. L’éclatante Vénus est la première à s’allumer dans les lueurs du crépuscule, au-dessus de l’horizon ouest-sud-ouest, une trentaine de minutes après le coucher du Soleil. L’Étoile du Soir descend peu à peu vers l’horizon où elle se couche une heure plus tard. Le soir du 5 septembre, Vénus passe à seulement un degré et demi au-dessus de Spica, l’étoile la plus brillante de la constellation de la Vierge : il faudra attendre que le ciel s’assombrisse pour bien voir l’étoile à côté de la brillante planète, mais une paire de jumelles vous aidera à la repérer plus tôt. Puis, le soir du 8 septembre, c’est au tour du mince croissant de Lune (3,5 j) de reposer à seulement un degré et demi à la gauche de Vénus : une scène magnifique, à admirer environ 45 minutes après le coucher du Soleil, pendant que le ciel est encore coloré par le crépuscule. Remarquez aussi la lumière cendrée qui éclaire faiblement la partie sombre de la Lune. Le lendemain soir, 9 septembre, la Lune sera à gauche de Saturne, l’autre planète visible en soirée.
Saturne et Vénus se dirigent l’une vers l’autre au début du mois; du 16 au 19 septembre, moins de 4 degrés les séparent. Mais Saturne se rapproche du Soleil de soir en soir et devient de plus en plus difficile à voir au crépuscule. La planète aux anneaux disparaîtra dans les lueurs du Soleil couchant au cours du mois d’octobre — jusqu’à quand arriverez-vous à la repérer ?
Un autre duo de planètes occupe le ciel du matin : il s’agit de Jupiter et Mars. Voisine des étoiles Pollux et Castor, dans la constellation des Gémeaux, la brillante planète Jupiter apparaît au-dessus de l’horizon est-nord-est vers minuit et demie au milieu du mois. À l’aube, on retrouve la planète géante très haut au sud-est, environ 55 degrés au-dessus de l’horizon. Le croissant lunaire sera près de Jupiter le matin du 28 septembre.
Mars se lève quelques heures après Jupiter. La planète rouge est visible en fin de nuit et à l’aube, trois heures et demie avant le lever du Soleil, au-dessus de l’horizon est-nord-est. Cherchez un petit point de lumière orangé sous les étoiles Pollux et Castor, dans la constellation des Gémeaux. Le croissant lunaire reposera en bas et à la droite de Mars le matin du 2 septembre et à nouveau à la droite de la planète le matin du 30 septembre. La planète rouge Mars se déplace rapidement par rapport aux constellations et se dirige vers le Lion : elle s’approche de l’étoile Régulus, qu’elle croisera le matin du 15 octobre.
On a parfois tendance à l’oublier, mais le ciel n’est pas un simple écran en 2-D où sont projetés de petits points de lumière : il a une profondeur. Par exemple, le matin des 8 et 9 septembre, Mars passe en périphérie de l’amas d’étoiles de la Ruche (M44), dans la constellation du Cancer. Pendant que vous observerez cette rencontre aux jumelles ou, mieux encore, à l’oculaire d’un petit télescope, considérez ceci : la planète rouge est alors à 338 millions de kilomètres de la Terre (2,26 UA), alors que l’amas se trouve 16,5 millions de fois plus loin, à 590 années-lumière de nous ! Voilà un bel exemple des distances ahurissantes qui séparent les objets dans le cosmos…
À propos de l’équinoxe
L’équinoxe aura lieu le 22 septembre à 16h44 HAE. À ce moment, le Soleil se trouve précisément à la verticale de l’équateur terrestre, et la ligne de démarcation entre le jour et la nuit passe par les pôles Nord et Sud. En principe, la durée du jour est alors égale à celle de la nuit partout sur la Terre : c’est d’ailleurs l’origine du mot « équinoxe ». (à Montréal, lever 6h42, coucher 18h51; à Québec, lever 6h32, coucher 18h42). Mais en réalité, la durée du jour (du lever au coucher du Soleil) n’est égale à celle de la nuit que quelques jours plus tard, le 25 septembre (à Montréal, lever 6h46, coucher 18h45; à Québec, lever 6h36, coucher 18h36). Pourquoi ce décalage ? C’est à cause de l’atmosphère terrestre, qui courbe légèrement les rayons du Soleil — le même phénomène qui « écrase » et déforme le disque du Soleil lorsqu’il est très bas dans le ciel. Lorsqu’on voit l’astre du jour toucher l’horizon, il est en réalité sous l’horizon depuis déjà quelques minutes. La même chose se produit au lever du Soleil. À notre latitude, c’est au total une dizaine de minutes de clarté qui s’ajoutent, au détriment de la nuit, par rapport à ce que nous observerions en l’absence d’atmosphère. (En fait, c’est le cas à tous les jours de l’année, mais l’effet est plus remarquable aux équinoxes.)
C’est aussi autour de l’équinoxe que la durée du jour change le plus rapidement. Aux latitudes moyennes nord, nous perdons présentement un peu plus de trois minutes de clarté par jour. Entre le début et la fin de septembre, nos journées auront ainsi raccourci de plus d’une heure et demie !
Enfin, les statistiques montrent que la période des équinoxes est propice aux aurores polaires. La raison est mal comprise, mais il semble que la géométrie qui prévaut en ces périodes de l’année favorise un certain alignement du champ magnétique interplanétaire avec celui de la Terre, ce qui ouvrirait plus facilement des brèches dans notre bouclier magnétique. Gardez l’œil ouvert, surtout si vous avez l’occasion de profiter d’un ciel bien noir — on ne sait jamais…
Bonnes observations !