Quels phénomènes astronomiques retiendront notre attention en 2018? Suivez le guide pour savoir ce que la nouvelle année nous réserve…
Lune et éclipses
Il y aura cinq éclipses solaires ou lunaires en 2018, mais seule l’éclipse totale de Lune du 31 janvier soulèvera un certain intérêt auprès des observateurs du sud du Québec. Le phénomène sera visible en entier dans l’ouest de l’Amérique du Nord, dans le Pacifique, en Extrême–Orient et en Océanie. Ce matin-là toutefois, dans la plupart des régions du Québec (à l’exception du secteur nord-ouest, près de la baie d’Hudson), on ne pourra voir que le début des phases partielles de l’éclipse (début à 6h47 HNE), alors que la Lune descend vers l’horizon ouest-nord-ouest pendant l’aube : elle disparaitra sous l’horizon avant que la totalité ne commence à 7h51 HNE.
Dans l’extrême nord du Québec, au Labrador et à Terre-Neuve, le Soleil se lèvera le 11 août avec une petite bouchée en moins (environ 20% à Salluit, par exemple); l’éclipse partielle prendra fin dans les minutes qui suivent, alors que le Soleil est encore très bas à l’horizon. Cette éclipse partielle de Soleil sera surtout visible dans les régions circumpolaires : nord de l’Europe et de l’Asie, Groenland et Arctique canadien.
Mentionnons au passage que janvier comptera cette année deux pleines lunes : en effet, 2018 commence de façon éclatante avec une pleine lune dite « périgéenne » (aussi appelée de manière un peu galvaudée « super lune »). Ce sera la plus grosse pleine lune de l’année; celle du 31 janvier arrive au 2e rang. Cette seconde pleine lune d’un même mois est parfois surnommée « Lune bleue ». Le mois de mars prochain en comptera également deux.
Pluies d’étoiles filantes
Plusieurs facteurs affectent la qualité du spectacle qu’on peut espérer des principales pluies d’étoiles filantes annuelles. La présence plus ou moins gênante de la Lune dans le ciel est le plus facile à anticiper; le moment du maximum d’activité d’une pluie est également à considérer. Dans cette optique, on peut dores et déjà prédire que les fameuses Perséides, et dans une moindre mesure les Géminides, profiteront de conditions favorables en 2018.
Le maximum des Perséides est attendu entre 16 heures le 12 août et 4 heures le matin du 13. Puisque la Lune sera nouvelle le 11 août, et que le pic d’activité a de bonnes chances de se produire pendant qu’il fait nuit au Québec, 2018 devrait être une excellente année : on pourra s’attendre à des comptes dépassant les 60 météores à l’heure sous un ciel bien transparent et dépourvu de pollution lumineuse.
La pluie des Géminides est généralement plus forte que celle des Perséides, mais elle est moins connue du grand public car elle se déroule à la mi-décembre : il faut être un véritable mordu pour l’observer au grand froid! En 2018, le maximum est attendu vers 7h30 (HNE) le matin du 14 décembre. La Lune croissante se couchera vers 22 heures le soir du 13 et laissera le champ entièrement libre en seconde moitié de nuit, au moment où le radiant culmine dans le ciel du Québec, très haut vers le sud. En somme, une très bonne année en perspective pour les Géminides, pour peu qu’on accepte de se coucher tard… ou de se lever très tôt!
Perspectives planétaires
C’est dans le ciel du matin qu’on retrouve les planètes brillantes en ce début d’année. Les lève-tôt auront la chance d’y observer quatre des cinq « astres errants » que connaissaient nos lointains ancêtres.
Les deux premières émergent ensemble au-dessus de l’horizon sud-est dès avant 4 heures du matin; elles gagnent de la hauteur pendant les dernières heures de la nuit et trônent au sud-sud-est à l’aube. La brillante Jupiter est la plus facilement visible. Impossible de la manquer : son éclat blanc crème déclasse celui de toutes les étoiles et transperce aisément la plus forte pollution lumineuse. Sa voisine actuelle sur la voûte céleste est Mars, nettement moins brillante pour le moment, mais reconnaissable à sa teinte orangée caractéristique. Les deux planètes se croisent dans le ciel le matin des 6 et 7 janvier : moins d’un tiers de degré les sépare alors (¼ de degré le 7). Puis, le matin du 11 janvier, le mince croissant lunaire se joint à Jupiter et Mars : il repose à moins de 4 degrés du duo de planètes, elles-mêmes séparées de 2 degrés. Admirez ce joli triangle céleste dans les couleurs de l’aube, une heure avant le lever du Soleil, au-dessus de l’horizon sud-sud-est.
En janvier, Mars est très éloignée de la Terre et sa taille apparente est très petite; difficile pour les astronomes amateurs d’observer des détails à sa surface dans ces conditions. Mais gardez l’œil sur la planète rouge car la situation va considérablement changer au cours des six prochains mois : la distance Terre-Mars va diminuer de manière importante, ce qui entrainera une augmentation impressionnante de sa taille apparente et de sa brillance dans le ciel. À la fin de juillet, la planète rouge sera plus près de la Terre qu’à tout autre moment depuis 15 ans! Ces périodes favorables pour l’observation de Mars au télescope, qui ne durent que quelques semaines autour de l’opposition de la planète, ne reviennent qu’à tous les 26 mois environ — et l’opposition de 2018 sera exceptionnelle! Si Mars sera la véritable vedette de l’été prochain, la planète Jupiter demeure une cible plus facilement accessible pour les astronomes amateurs inexpérimentés. L’opposition de Jupiter aura lieu le 8 mai : à ce moment, la planète géante sera visible du coucher au lever du Soleil, culminant au sud en milieu de nuit.
En ce mois de janvier, il faut attendre l’aube avant de retrouver les deux autres planètes. Mercure, la plus rapprochée du Soleil, profite jusqu’à la mi-janvier d’une très bonne période de visibilité. Scrutez le ciel, bas à l’horizon sud-est, 45 minutes avant le lever du Soleil : Mercure est plutôt brillante présentement (magnitude –0,3), ce qui facilite son repérage dans les couleurs de l’aube.
À proximité de Mercure, cherchez également la présence de Saturne. Un peu moins brillante (magnitude +0,5) que Mercure, la planète aux anneaux était jusqu’à tout récemment noyée dans l’éclat du Soleil, mais elle s’en extirpe peu à peu au cours des premiers jours de janvier. Saturne apparaît d’abord plus près de l’horizon que Mercure, en bas et à la gauche de cette dernière; mais de jour en jour Saturne gagne de la hauteur et s’approche de Mercure. Les deux planètes se croisent le matin du 13 janvier, Saturne passant alors à seulement ¾ degré au-dessus de Mercure. Le 15 janvier à l’aube, le mince croissant lunaire se joint au duo planétaire.
Après la mi-janvier, on perd de vue Mercure dans la clarté du Soleil, tandis que Saturne continue à grimper dans le ciel. À l’opposition le 27 juin et visible toute la nuit au début de l’été, Saturne brille cette année dans la constellation du Sagittaire, juste au-dessus de la Théière. À notre latitude, cette partie de la voûte céleste s’élève peu par rapport à l’horizon : la visibilité de ses fameux anneaux souffrira de cette position désavantageuse dans le ciel, bien qu’ils soient inclinés presque au maximum vers la Terre en 2018.
Mercure effectuera quant à elle d’autres apparitions favorables au courant de l’année, notamment au crépuscule du 1er au 20 mars, mais aussi dans le ciel du matin du 21 août au 12 septembre, et du 5 décembre 2018 aux premiers jours de janvier 2019.
Ne manque que Vénus pour compléter la liste des planètes visibles à l’œil nu. Où est-elle donc? De l’autre côté du Soleil, en conjonction supérieure le 9 janvier. La brillante planète commence donc l’année hors de vue, trop proche de l’astre du jour et complètement noyée par son éclat. Il faut attendre la toute fin de janvier, voire même le début de février, pour que Vénus s’écarte suffisamment du Soleil et qu’on puisse enfin commencer à l’apercevoir au ras de l’horizon ouest-sud-ouest, dans les minutes qui suivent la fin du jour. Mais la situation s’améliore tout au long de l’hiver : l’éclatante Vénus, Étoile du Soir, accompagnera nos crépuscules jusqu’à la fin de septembre. En mai, elle sera à son plus haut dans le ciel à la tombée de la nuit. En octobre, Vénus sera à nouveau inobservable puisqu’elle repassera cette fois en conjonction inférieure, entre la Terre et le Soleil. Elle émergera à l’aube dès les premiers matins de novembre. C’est donc comme Étoile du Matin qu’elle finira l’année 2018 et entamera la suivante.
Bonne année 2018, et bonnes observations !